La France, championne du taux de létalité sera-t-elle le dernier pays à reconnaître ses fautes?

Avec un chiffre de 19%, la France, nation moderne, a décroché le record international de taux de létalité (pourcentage de mortalité par nombre de personnes infectées) des suites du COVID-19, contre une moyenne mondiale de 7,09 % (OMS, 08/05/2020). Les manipulations de chiffres sont coutumières depuis le début de la crise mais les chiffres sont têtus. Après le temps de la crise sanitaire, vient donc, en toute logique, le temps des explications du pouvoir sur ce qui représente un véritable Bérézina, un théâtre d’ombres et de mensonges que Macron a de nouveau alimenté lundi en affirmant que la France n’avais jamais été « en rupture de masques » (Interview à BFMTV, 18/05/2020).

Une affirmation aussitôt démentie par tout ce que la France compte d’utilisateurs des dits masques parmi les soignants, et les cellules anti-fake news qui naguère peuplaient le monde merveilleux de Sibeth N’Diaye.

Devant cette déliquescence, le seul contre-pouvoir efficace dans la durée, tenu par Les Républicains, le Sénat s’apprête à lancer sa commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19. Une proposition de résolution sera examinée en séance le 23 juin 2020, et les premières auditions devraient commencer dans la foulée. (Public Sénat, 14/05/2020)


De leur côté, les députés ont lancé leur mission d’information sur le Covid, qui devrait (si la majorité machiniste l’accepte) se transformer en septembre en commission d’enquête.

Selon Damien Abad, patron des députés LR, la mission d’information devrait rendre «un rapport d’étape fin mai-début juin» et «la commission d’enquête pourrait se réunir en juin, c’est ça l’objectif» (Le Figaro, 19/05/2020)


Incriminer les prédécesseurs

Le ministre chargé des relations avec le parlement, Marc Fesneau, (LREM) temporise:

«Il peut y avoir une interrogation sur la temporalité. Est-ce qu’il n’y a pas lieu d’attendre qu’on soit sorti un peu de cette crise?» (Public Sénat, 18/05/2020)


Le président de cette commission, le député de Savoie Patrick Mignola (et président du groupe Modem à l’assemblée) se veut offensif contre les prédécesseurs de Macron avec l’adage « Si vis pacem, para bellum » (Si tu veux la paix, prépare la guerre).

« Si c’est pour jouer au chamboule-tout, pour essayer de faire tomber des têtes et trouver des coupables plutôt que des solutions, dans ce cas, il faut le faire aussi à l’Assemblée. Tout ce que la France comptait de ministres, de premiers ministres et de directeur général de la santé depuis 2010, devront venir s’expliquer » (Patrick Mignola)


Les français méritent la vérité

Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, parle au contraire d’une salutaire initiative:

Enquêter, faire la lumière, n’entrave pas la poursuite de l’action. Les Français ont le droit de savoir aujourd’hui, à chaud, ce qui s’est passé. Demain, à grand renfort de matraquage médiatique, les esprits passeront à autre chose. C’est donc bien aujourd’hui que les Français ont le droit de demander des comptes à travers leurs représentants, à travers les sénateurs. La création de la commission d’enquête sénatoriale est tout à l’opposé d’une manœuvre politicienne. Elle est un acte indispensable de transparence, de justice et de démocratie. (Blog personnel, 19/05/2020)

Et si le Premier ministre, dont le nom avait déjà été évoqué dans l’affaire Benalla, pourrait être cité à témoin, dans cette affaire, le « grand soir judiciaire » du gouvernement ne se fera que longtemps après les faits (61 demandes de saisine de la Cour de justice de la République et plus de 40 plaintes déposées au seul parquet de Paris selon Libération). En définitive, ceux qui espèrent des réponses rapidement en seront pour leurs frais comme nous avertit Gérard Larcher, le président du Sénat:

« Se donner une période de six mois à partir de fin juin, début juillet, jusqu’à la fin de l’année, ça m’apparaît raisonnable, sérieux, et en capacité d’aider à la vérité. » (France Info, 19/05/2020)

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