Belloubet invitant les Traoré: l’inversion suprême des valeurs

Après avoir rappelé que la Garde des Sceaux ne s’occupait pas des affaires individuelles, l’information a été confirmée par le cabinet de la ministre dans la soirée: Nicole Belloubet souhaite recevoir la famille d’Adama Traoré, un multi-récidiviste malade de drépanocytose et de sarcoïdose, mort en 2016, sans que les gendarmes ne soient mis en cause par la Justice.
Un scandale énorme qui fracture la séparation des pouvoirs, mais surtout fait fi de toutes les victimes des Traoré, qui terrorisent l’ensemble de la ville de Beaumont-sur-Oise (voir le pied de l’article).
Le président de la République avait déjà suscité l’émoi pas tôt dans la journée en demandant à plusieurs ministres, dont la garde des Sceaux de « se pencher » sur le dossier du jeune délinquant de 24 ans. Une information qui venait directement d’un journaliste de l’AFP. Quelque chose « d’inacceptable » selon le principal syndicat de l’Institution, l’Union Syndicale des Magistrats.

L’USM a regretté qu’Emmanuel Macron « n’oublie encore une fois le principe de séparation des pouvoirs » et « récidive en sollicitant une intervention directe de la ministre de la Justice (…) Comme il avait déjà pu le faire dans l’affaire Halimi, (NDLR: s’exprimant depuis Israël sur le meurtre d’une juive défenestrée par un autre dénommé Traoré), (…) il sort de son rôle institutionnel qui est de garantir l’indépendance de la Justice et non de se mêler du traitement d’un dossier particulier » (Nice-matin, 08/06/2020).


La fin de l’Etat de Droit?

Les choses sont désormais officialisées selon l’Express depuis 20h00 ce soir. Pour le contexte juridique, cela consiste ni plus ni moins de recevoir la partie civile dans une affaire en cours d’instruction, avec un magistrat instructeur qui dépend hiérarchiquement de la Ministre de la Justice!

L’avocat Gilles-William Goldnadel note l’exception qui entoure l’ensemble de ces défaillances de l’autorité, qui devient une affaire Belloubet autant qu’une affaire Castaner:


L’avocat de la famille d’Adama Traoré, Yassine Bouzrou a lui, immédiatement réagi, craignant sans doute un vice de procédure, et refuse en toute logique d’être associé à cette rencontre: « Je vous demande de respecter la séparation des pouvoirs. La loi interdit à la garde des Sceaux d’intervenir dans des affaires individuelles » (Twitter, 08/06/2020, 13h14)

Du côté du comité défendant la culpabilité des gendarmes, on déchire ce bristol (peut-être trop blanc pour eux): «La famille d’Adama Traoré rappelle qu’elle attend des avancées judiciaires, et non des invitations à la discussion qui n’auraient aucune finalité procédurale». (Nouvel Obs, 08/06/2020)

Suite à quoi le cabinet de la ministre se défend dans une langue de bois admirable:

«La ministre est responsable du service public de la justice. À ce titre, elle est toujours disponible pour répondre aux interrogations sur le bon fonctionnement de la justice» (Le Point, 08/06/2020)


Une famille ultra-violente

Toujours disponible, mais pas pour n’importe qui, comme l’indique le pedigree judiciaire (non exhaustif) d’une partie de la famille Traoré qui a alimentée 5 jours de violences contre les forces de l’ordre (soixante coups de feu tirés sur les fonctionnaires) débouchant sur douze gendarmes et un policier blessés (Le Parisien, 2 juillet 2019):

  • Adama Traoré: fait l’objet depuis 2017 de 17 procédures : vols, sptupéfiants, est accusé de viol par son codétenu.
  • Yacouba Traoré: condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir tabassé celui qui a accusé Adama de viol, puis 3 ans ferme pour avoir tabassé un chauffeur de bus et avoir incendié son véhicule.
  • Samba Traoré: condamné à 4 ans de prison dont 18 mois avec sursis pour violence avec arme.
  • Bagui Traoré: condamné à 30 mois de prison ferme pour extorsion sur personne vulnérable, passible des assisses pour avoir voulu assassiner des gendarmes, plus six mois de prison pour outrages et menaces de mort à l’encontre des forces de l’ordre.
  • Serene Traoré: condamné à 4 mois ferme pour outrage sur la Maire de Beaumont-sur-Oise.
  • Youssouf Traoré: condamné à 6 mois de prison dont 3 de sursis pour outrage et menace de mort des policiers.
  • Assa Traoré: auteur de la tribune Facebook intitulée sobrement « J’accuse », elle fait l’objet de 4 plaintes pour diffamation de la part de gendarmes.

Et tous ces « gens » osent nous parler de comportements déviants ?


Pour l’essayiste de gauche Céline Pina:

« Pas étonnant qu’une gauche en mal de projet ne résiste pas à la tentation de récupérer tout ce qui peut se transformer en fer de lance d’un grand mouvement de révolte qui s’en prend à l’ordre établi. À défaut de proposer un chemin d’avenir, investir sur la frustration permet de se créer des troupes et du genre qui effraient par leur violence. Mais ce faisant elle abime le combat antiraciste, voire le dénature. » (Le Figaro, 04/06/2020)

Un commentaire

  1. en france on a plus le droit de dire ce que l(‘on pense de ce miteux de gouvernement sans se prendre une censure je n’en dirai pas plus

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