Un simple rappel à la Loi pour avoir traité de sale nègre un policier d’origine réunionnaise

Décidemment, certaines décisions de Justice ne manquent pas – au minimum – d’interpeller les honnêtes citoyens. Etait-ce si loin il y a 5 ans quand la lutte contre le racisme était une grande cause nationale?

A Cognac, le 5 août 2020, les policiers de la brigade de nuit ont identifié et interpellé un jeune homme recherché par la Justice. L’interpellation s’est passée sans encombres. Mais lors de son transfert vers le commissariat de la Ville, un des agents de la brigade, d’origine réunionnaise, a été l’objet d’insultes raciales.

Prudemment, le policier agressé verbalement s’est mis à l’écart pour éviter tout incident supplémentaire. Le représentant syndical Unité SGP-FO, Nicolas Legeay, a déclaré :

“Après [l’interpellation] et pendant le trajet pour aller au commissariat, il a focalisé sur notre collègue réunionnais et l’a traité de ‘sale nègre’ à plusieurs reprises.”

Nicolas Legeay, responsable syndical Unité SGP-FO

« On lui tire les oreilles »

Chose stupéfiante, le magistrat du parquet d’Angoulême, a retenu contre l’individu un simple rappel à la Loi. Une décision qui ne passe pas parmi les collègues du commissariat. Autant dire, poursuit le syndicaliste « Il s’en sort à bon compte, on lui tire les oreilles et on lui dit juste de ne pas recommencer. »
Le parquet, joint par la Charente Libre a qualifié les faits racistes de « difficultés avec l’intéressé ». Rappelons que l’outrage à agent, s’il est caractérisé, est un délit pénal qui fait encourir 6 mois d’emprisonnement ferme et 7.500 euros d’amende.

L’individu bénéficie d’une « suspension médicale » et sera réincarcéré immédiatement en vertu de faits antérieurs, du fait de l’amalgame entre les deux procédures [la recherche d’un fugitif et la plainte du policier], conformément aux réquisitions du Parquet.

Si la situation était inversée, souligne Nicolas Legeay, « cela ferait la Une des journaux pendant deux jours (…) On est interpellé par cette justice à deux vitesses car pour les policiers, c’est la double peine. Il peut y avoir la sanction pénale, mais aussi une sanction administrative »

Le parquet a enfin fait cette communication: Concernant l’orientation pénale, elle pourrait évoluer: « Soit vers le maintien du rappel à la Loi, soit autre chose. A ce jour, rien n’est figé ».

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