Djillali Annane Tetiere

Djillali Annane: « Il vaut mieux confiner 15 jours à 3 semaines maintenant plutôt que 6 semaines dans 6 semaines »

Le variant (ou mutant) anglais monopolise toutes les discussions et inquiète au plus haut point l’exécutif. Le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche, la Lituanie et la Grèce ont totalement reconfiné soit parce que l’épidémie est hors de contrôle (comme au Royaume-Uni) soit en préventif (comme en Grèce). Le variant anglais, également appelé B.1.1.7, qui a fait son apparition en octobre 2020 en Angleterre, arrive lentement mais sûrement en France et ce, malgré une fermeture des frontières le 20 décembre 2020 entre la France et l’Angleterre.


Quand on dit « fermeture » des frontières, c’est une fermeture « à la sauce Macron »…

Etrangement, vous pouvez par exemple prendre le Thalys entre Londres et Lille et n’être absolument pas contrôlé. Dans cette mesure, comment imaginer que le variant reste « sagement » en Angleterre? Ce jeudi, le 1er Ministre va s’exprimer et 3 pistes sont à envisager : un couvre-feu national à 18H, un couvre-feu national à 18H avec un confinement le week-end et enfin, le moins probable pour l’instant, un confinement total. Est-ce la santé ou l’économique qui pèsera le plus dans la balance?


Localisation du variant anglais en France

Le virus ne connaissant pas les frontières, on observe qu’il s’infiltre petit à petit en France; une trentaine de cas a été confirmée et, contrairement à l’Angleterre, qui recherche de manière systématique le génome du virus, la France, faute d’équipement, recherche uniquement la positivité. Récemment, des recherches plus poussées ont permis de cartographier la localisation du variant anglais – en rouge les régions concernées par le variant.

Des clusters ont été identifiés à Marseille, dans les Hautes Alpes, à Lille. Concernant Bagneux et l’Indre et Loire, les cas positifs ne sont pas allés en Angleterre et n’ont pas été en contact avec des personnes y revenant, ce qui signifie que le variant est beaucoup plus présent que les 30 cas identifiés.

Dans les jours qui viennent (3-4 jours), les scientifiques nous indiqueront la prévalence du nouveau variant au sein de la population française. Dimanche 10 janvier 2021, le Ministre de la Santé, Olivier Véran a annoncé sur CNews une prévalence de 1% sur les 1 000 PCR positives testées. En parallèle, nous savons depuis aujourd’hui que le taux de contamination des positifs chez les enfants âgé de 0 à 9 ans est passé de 5% à 10% entre mi-décembre et aujourd’hui. En fonction du pourcentage de présence de ce variant, un reconfinement sera probablement à envisager, si ce n’est pas cette semaine, ce sera probablement fin janvier d’après Axel Kahn.


Allons-nous attendre les 50.000 contaminations/jour pour reconfiner?


Aujourd’hui, nous sommes à 20.000 contaminations/jour et si l’on confinait immédiatement, ce confinement total serait probablement de l’ordre de 15 jours à 3 semaines, par contre, si l’on attend d’être à 50.000 contaminations/jour, le confinement sera nécessairement de 6 semaines, confirme Djillali Annane, Chef de Service de Réanimation à l’Hôpital de Garches.

Là où il faut particulièrement être attentif, c’est à la courbe exponentielle à laquelle nous pourrions avoir à faire face: en Angleterre, le nombre de cas positifs a été multiplié par 4 en 1 mois… Hélas, ce virus, même s’il n’est pas plus virulent, est de 40 à 70% plus contagieux et il se multiplie beaucoup plus vite. Le R0 (taux de reproduction du virus) peut s’emballer très vite notamment avec le nouveau variant. Seule la vaccination massive, même si elle ne permettra pas l’immunité collective en 2021 (message de l’OMS) devrait diminuer le nombre de cas en réanimation, espérons-le!

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