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(Dossier) Le voile comme étendard de l’Islam politique


Le voile est une tradition du pourtour méditerranéen jusqu’aux confins de la Chine depuis l’Antiquité, et ce n’est que depuis le dernier quart du XXème siècle qu’il devient l’étendard de l’Islam politique.
Car qui dit voile dit inégalité entre les hommes et les femmes, dit aussi polygamie, mariage forcé, divorce unilatéralement masculin… Ce « bout de tissu » provoque de vifs débats de l’Orient jusqu’en Occident, mais, quelle est son origine? Le Coran en est-il l’explication unique ou un fallacieux prétexte? C’est ce que nous allons tenter de dévoiler au travers de ce dossier.


Bourguiba disait du voile qu’il était un épouvantable bout de chiffon au point de l’interdire dans les écoles

Le hidjab voile ou foulard, désigne un vêtement féminin porté par des femmes musulmanes et qui couvre leur tête en laissant juste le visage apparent. Dans une de ses versions les plus controversées, le niqab (ou voile intégral) ne laissera apparaître que les yeux de la femme qui le porte.

Ce texte de Loi assyrienne, attribuée au roi Téglath Phalazar 1er (1112-1047 av. J.-C.), tablette A 40, atteste que le voile existait avant l’Islam et le fait de porter le voile n’est pas un devoir religieux.

« Les femmes mariées […] qui sortent dans la rue n’auront pas leur tête découverte. Les filles d’hommes libres seront voilées. La concubine qui va dans les rues avec sa maîtresse sera voilée. La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte. Qui voit une prostituée voilée l’arrêtera […]. Les femmes esclaves ne sont pas voilées et qui voit une esclave voilée l’arrêtera. »

Depuis, l’Islam s’appuie sur le Coran pour justifier le port du voile. La sourate 24 conclut à l’obligation, pour les femmes musulmanes libres et nubiles, de porter le voile et le verset 31 traduit le respect de la pudeur, tant pour les hommes que pour les femmes. Pourtant, rien de précis, uniquement des élucubrations ou des fantasmes.

Quant au respect de la pudeur qui serait mixte, qu’en est-il quand on voit, dans le même temps, en Iran par exemple, des hommes en short ou en slip de bain alors que les femmes, sous 40°C, sont obligées être affublées d’un voile pour pratiquer une activité sportive. Par ailleurs, le verset 59 de la sourate 33 attesterait que le voile n’est pas un signe de soumission, ni à Dieu, ni aux hommes. Pourquoi, dans ce cas, définir le voile par ce qu’il n’est pas? Selon les intégristes, le voile protégerait les femmes « des insultes et autres agressions extérieures ».

 « Dis aux croyants qu’ils baissent leurs regards et gardent leur chasteté. C’est plus pur pour eux. (…) Et dis aux croyantes qu’elles baissent leurs regards, qu’elles gardent leur chasteté, et qu’elles ne montrent de leurs parures que ce qui en paraît, et qu’elles rabattent leur voile sur leur poitrine ; et qu’elles ne montrent leurs parures qu’à leur mari, ou à leur père (…) » ou à des familiers énumérés par le texte.
La sourate 33 professe, au verset 59 : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles ; elles en seront plus vite reconnues et exemptes de peine. »

Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, dans le livre Le Prêtre et l’Imam (Bayard Éditions) disait que, dans le Coran, le voile n’est pas une obligation religieuse, il n’est pas inscrit qu’elles doivent se couvrir la tête. Dans ce cas, si ce n’est pas un symbole religieux, on ne peut donc pas l’interdire au titre de la religion.


Voile islamique, voile des religieuses, quelles différences?

Quelle signification pour le voile des religieuses, de la mariée ou du voile pour rendre visite au Pape? Dans la tradition iconographique chrétienne, on retrouve le voile bleu de Marie, de même, on dit des nonnes qu’elles « prennent le voile » pour représenter le mariage avec Dieu. Dans la religion chrétienne, on parle de soumission de la femme à Dieu ou comme dans le mariage de la soumission de la femme à l’homme.

Ce voile, à la différence du voile islamique, est porté symboliquement le temps de la cérémonie pour signifier la pureté et la chasteté. Le futur mari « découvre » sa femme. Dans le village de mon enfance, en vacances, je me rappelle, qu’à l’église, les hommes étaient à droite et les femmes à gauche dans l’église et les femmes, toutes couvertes d’un foulard.

Que ce soit le voile de la religieuse ou le voile de la femme musulmane, il s’agit d’un vêtement, non ostentatoire, neutre et excluant la mise en avant du corps de la femme. Mais dans la cas du voile islamique, il ne s’agit pas de professionnelles de la religion.


L’Iran: symbole absolu du voile

La journaliste tunisienne, Chantal de Rudder, lorsqu’elle est reçue à l’Ambassade d’Iran à Paris par le conseiller de la presse pour parler de son futur livre : « Un voile sur le monde«  – (Editions de l’Observatoire), rapporte cette conservation inouïe. Celui-ci lui demande si sa fille de 8 ans et demi est mariée! Ce même fonctionnaire a l’outrecuidance de lui asséner « que des saoudiennes, on se croirait en Arabie, c’est plus la France »… en décrivant les Champs Elysées.

Une obligation légale en Iran



Comment est-on passé d’un monde arabe islamique à un Occident islamique? Un peu d’histoire s’avère nécessaire. C’est depuis la révolution islamique de 1979 que la loi iranienne impose le port du tchador. Pour autant, à la veille de la révolution, seule une minorité de femmes, principalement dans les classes aisées, se promenait sans voile.
En Iran, comme à Gaza ou en Arabie Saoudite, le voile est une obligation légale de l’identité, sans distinction de religion. Si vous souhaitez voyager en Iran, il vous faudra porter un voile, et de ce fait, il n’y aura aucune sécurité sur la reconnaissance de la personne.

En Iran, dès l’âge de neuf ans, le voile est obligatoire pour les fillettes et dans toutes les administrations. Seules les mains et le visage doivent être visibles, les formes de la fille et des femmes doivent être cachées et les couleurs sombres du voile sont totalement imposées. En fait, toute notion de féminité est interdite. Au delà du voile, toute coquetterie est prohibée : maquillage, talons aiguilles, vernis à ongles… Les femmes sont licenciées si elles ne se plient pas à ses règles. En conséquence, « le taux de natalité passe de 7,6 enfants par femme à 1,7 aujourd’hui ».

Pour se rebeller, on vit caché chez soi avec des porte jarretelles, de l’alcool et de la musique étrangère. Les « rappis », ceux qui ne se cachent pas et qui arborent des vêtements à la mode, vivent tout simplement normalement mais surtout très dangereusement en Iran! Les étudiants de gauche qui refusent cette islamisation sont massacrés, « les enfants sont incités à dénoncer leurs parents s’ils boivent de l’alcool ou organisent des fêtes mixtes ».


Islam et politique ne font qu’un

L’Ayatollah Khomeiny, leader de l’opposition religieuse, aurait déclaré : « Le tchador n’est obligatoire que pour les femmes séduisantes qui ne sont pas ménopausées«  ce qui signifie que ce n’est pas une question de religion mais d’enfermement des femmes. En 1936, en Iran, seules les prostituées devaient être voilées et lors de l’exil de Khomeiny en 1964, les émeutes se multiplient et les manifestants sont tués. C’est en 1979 qu’apparaît le backlash : voile obligatoire; fini la garde des enfants, fini le divorce choisi, fini le droit à la magistrature pour les femmes! Des femmes immensément courageuses défient cet ordre liberticide (voir la vidéo de cette époque).

Photo historique de Hengameh Golestan : Manifestation contre le hijab obligatoire en 8 mars 1979

On passe alors d’un monde des années 50 avec le culte du corps, de la beauté, des cheveux brillants et dans le vent à un voile qui devient le « must have » quelque soit le lieu sur la planète depuis les années 80. De la même manière qu’une victime finit par aimer son bourreau, étrangement, le voile serait devenu le signe de l’affirmation d’une certaine liberté individuelle.

Puis, au printemps arabe de 2010, les mouvements révolutionnaires se multiplient dans tout l’axe du bassin méditerranéen: le Président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali quitte le pouvoir, en Egypte, c’est Hosni Moubarak qui démissionne. Que souhaite le peuple? Une démocratie bien évidemment mais aussi un partage des richesses, de la dignité, du travail et plus fondamentalement la liberté!

Dévoiler son visage, c’est aussi une affirmation de soi

Ces revendications, dans un premier temps non violentes grâce à l’utilisation des réseaux sociaux et des médias, font rapidement place à des guerres civiles en Lybie, au Yemen et en Syrie avec des milliers de morts sous le régime de Bachar el-Assad. Au printemps arabe s’en suivra « l’hiver islamiste » avec des guerres civiles.

Mais cette révolution, qu’a t-elle changée? Les femmes en Tunisie sont toujours voilées avec des hijabs noirs à la terrasse des cafés. Cet uniforme islamique, est-ce la modernité musulmane? Ce phénomène n’est pas uniquement observable dans les rues de Tunis, en Iran ou en Arabie Saoudite, ce même phénomène s’est exporté en France.


Et en France et en Occident ?

En France, non seulement, les questions se posent sur le port du voile dans l’espace public et c’est toujours la loi de 2010 qui interdit la dissimulation du visage dans l’espace public qui fait foi. La loi Blanquer de 2019 qui vise à proscrire le port du voile par les mères lors des sorties d’école est rejetée en commission mixte paritaire, car il a été considéré que ces sorties sont uniquement ponctuelles et non un travail à temps plein.

D’ailleurs, dans les prisons françaises, lorsque vous êtes visiteur, habillée à l’Européenne, on vous fait enlever votre gilet (à fermeture éclair ou à boutons) alors que face à vous les femmes voilées peuvent dissimuler tout ce qu’elles veulent en gardant leur jilbab (tenue qui englobe le corps dans sa totalité sauf le visage). Est-ce cohérent?


En Orient, on assiste à des scènes où des femmes voilées retirent leur voile en public et réclament leur liberté, elles le font au prix d’arrestations, d’amendes, de châtiments corporels ou de leur vie.

Et dans le monde occidental, des soi-disantes « féministes » qui ont la chance de connaître la liberté se voilent au nom de la liberté! Ainsi le Washington Post assimilait la burqa à un « masque » comme les autres, et en février une député LREM justifiait le port du voile pour des enfants de 8 ans! D’autre résistent, à leur échelle, comme les parlementaires de droites qui ont quitté une salle de l’Assemblée Nationale en septembre 2020 quand la porte-parole voilée de l’UNEF est apparue face à eux.

« On a été tétanisé par l’idée qu’on pouvait être intolérant, et du coup nous avons toléré l’intolérable! »

Elisabeth Badinter, audition sur le voile du mercredi 9 septembre 2009

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