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“Chéri, j’ai rétréci la Droite”

Dans les rangs des élus de la droite Les Républicains (LR), ce fut la sidération devant le score exécrable de leur candidate Valérie Pécresse (NB: 4,8%, soit 1.679.001 voix exprimées, le pire score de la Droite sous la Vème République). Elle fut la « surprise du second tour » mais surprise seulement pour avoir été le candidat le plus en décalage avec les derniers sondages officiels.

Et certains scores sont éloquents. À Versailles, elle ne réalise que 14% des voix. Pire, seules 31 communes sur 36.000 ont placé Valérie Pécresse en tête. En pourcentage, ce score représente quatre fois moins que celui de François Fillon, pourtant plombé par les affaires, à l’élection présidentielle de 2017.


Quel espace politique?

La sidération a laissée la place à la panique. A court terme, comment sauver son siège de député début juin? Et à long terme, la Droite a-t-elle encore un espace politique, coincé qu’elle est entre l’électorat de Macron et celui d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen? Entre le libéralisme économique et culturel de LREM (27%), le protectionnisme économique et culturel du RN (23%) et le libéralisme économique et protectionnisme culturel de Reconquête (7%)?
Pour Julien Aubert, arrivé deuxième au dernier congrès des LR, il est surtout question de changement de génération chez LR. Il est déterminé à « tout changer su sol au plafond ».


La droite cherche à colmater les fuites

Lors du bureau politique du parti « Les républicains » du lendemain de l’élection présidentielle, une consigne de vote s’est imposée par 116 voix sur 130, disant qu’ « aucune voix ne doit se porter sur Marine Le Pen ». Le Président de la région Rhône-Alpes Laurent Wauquiez résumant l’opinion majoritaire :

« Il faut absolument respecter cette diversité. Ne cherchons pas à monter un camp contre un autre, ne nous donnons pas de leçons entre nous, sachons bâtir une position commune qui nous rassemble sans exclure personne »

Laurent Wauquiez, cité par l’Internaute, 11/04/2022

En tous les cas, la position des LR a fâché plusieurs maires LR, comme Gil Avérous, (Châteauroux), Franck Louvrier, (La Baule) et Julien Weil, (Saint-Mandé). Ils ont tourné le dos dans une tribune collective dans le Journal du Dimanche le 16 avril 2022. Dans celle-ci, ils affirment qu’il ne suffit pas de voter contre Marine Le Pen, il faut voter pour Emmanuel Macron. Et de lister toutes les bonnes choses que le Président, selon eux, aurait fait pour les collectivités locales.

Si certains avaient embarqué dans le bateau macroniste avant le 1er tour, comme Eric Woerth (député de l’Oise depuis 2010), Natacha Bouchart (maire de Calais) ou Catherine Vautrain (présidente du Grand Reims), le camp du Président-candidat a ouvert grands les bras à tous ceux qui à droite, souhaite se rassembler derrière lui.


Le cas Sarkozy

C’est le cas du retraité le plus actif de la politique française, Nicolas Sarkozy, qui, ayant boudé le soutien à Valérie Pécresse, a profité de l’entre-deux-tours pour répondre à l’appel du rassemblement d’Emmanuel Macron. Une attitude qui fait grincer des dents à droite:

« Sur le Titanic, le capitaine part en dernier (…) Là, il veut monter dans le canot de sauvetage avec quelques VIP, sans se soucier des autres passagers ».

Un parlementaire LR cité par Le Journal de Dimanche, 17/04/2022

Cette comparaison ne manque pas de piquant quand on se reporte à ce que déclarait Nicolas Sarkozy, alors candidat aux primaires de la Droite en 2016 au sujet d’Emmanuel Macron, qui venait de trahir François Hollande:

Derrière lui, une « vingtaine » de députés LR seraient prêts à nouer un accord avec LREM, pour ne pas avoir de candidat de la macronie en face d’eux et assurer leur réélection. Le Député de l’Yonne Guillaume Larrivé est de ceux-là. Lui qui était l’auteur d’un livre très violent contre le Chef de l’Etat en 2018, intitulé « Le coup d’Etat Macron ».


Macron, le « trou noir » de la droite

Si Emmanuel Macron a démenti tout accord secret avec le dernier Président de la République de Droite, du côté des LR, on constate qu’Emmanuel Macron n’a fait « aucun geste » pour l’instant. Entendez par là qu’il n’a pas envoyé d’émissaires auprès des députés de droite tentés par sa grande coalition. Sans doute est-il trop en recherche des voix des mélenchonistes et des abstentionnistes pour espérer être réélu le 24 avril 2022 en chef du camp de ce qu’il appelle « l’électorat modéré et progressiste ». Au risque – assumé car c’est son mot d’ordre – d’incarner seul le recours aux partis extrêmes.


Jean-François Copé a largué les amarres

Dernier artificier en date du rétrécissement de la Droite dans les colonnes du Journal du Dimanche, le maire de Meaux, Jean-François Copé, peu soupçonneux d’être proche de Sarkozy et qui a fait la campagne de Valérie Pécresse jusqu’au bout, déclare que la Droite doit devenir un « pilier de la majorité » d’un futur gouvernement Macron. Il estime que

« Un parti de gouvernement qui ne gouverne pas pendant 15 ans n’est plus un parti de gouvernement »

Jean-François Copé, JDD, 17/04/2022

Mais prévient à qui veut l’entendre: « S’il s’agit de faire adhérer tout le monde à En Marche, ce sera sans moi. » En marche ou crève?

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