Nous évoquions au mois de décembre 2022 le harcèlement jusqu’à leur domicile dont faisait l’objet des policiers à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et l’inscription de leurs coordonnés sur les murs d’une cité bien connue pour sa délinquance. A cette époque, nous vous informions que non seulement les fonctionnaires étaient visés, mais leurs véhicules personnels et leurs familles également. Et bien ces faits ne cessent de se dérouler, un peu partout en France, et sont peu relayés par les grands médias.
À Châtenay-Malabry, le jeudi 9 février 2023, lors d’une opération de sécurisation dans la zone sensible des Buttes Rouges, un homme de 18 ans, défavorablement connu des services de police pour 20 faits de délinquance, nargue les policiers présents sur place en les appelant par leur noms et prénoms et s’approche exprès de leur véhicule. Il finit par être gazé. Tournant les talons, le jeune homme leur lance alors: «Allez bien vous occuper de vos enfants!».
Femmes de flics en danger
3 heures plus tard, Jessica, la femme du policier qui a fait usage de gaz lacrymogène ce soir-là, et qui réside dans le département voisin, est réveillée en pleine nuit par des bruits dans son entrée. Par la fenêtre, elle distingue deux silhouettes, qui crèvent ses quatre pneus de sa voiture, et couvrent son véhicule garé dans son allée avec des inscriptions injurieuses: «FDP», «Sale Keuf» ou encore «PD». Elle appelle son mari, qui arrive quelques minutes trop tard pour pouvoir mettre la main sur les individus.
Pour Jessica, le calvaire dure depuis le mois de décembre 2022, et elle s’est même installée avec ses deux enfants en bas-âge chez ses parents dans une autre région, pour échapper à des jeunes hommes qui tournent autour de son domicile à la recherche de renseignements sur le couple.
Des courriers restés sans réponse de la part de la technostructure
La hiérarchie policière, informée par la situation du couple, n’a pas bougée, pas plus qu’elle n’a donné de suite à la demande de mutation début janvier 2023. Entre-temps, fin janvier, Jessica s’est vu contrainte de rejoindre la domicile conjugal. Jessica elle s’oblige à ne pas dire la vérité à ses enfants. Elle témoigne à CNews:
«C’est très très dur à vivre, je n’arrive plus à dormir. Chaque bruit me réveille et chaque fois que je ramène les enfants à la maison, je regarde si je n’ai pas été suivie, et je me dépêche de rentrer».
Pour cette femme de flic, comme Clotilde, une autre femme de policier travaillant à Châtenay-Malabry, qui a contacté CNews, ce sont le même genre d’intimidation qui rendent la vie impossible. Ainsi, dans la petite ville où elle habite, ont débarqué, sans raison apparente, en pleine soirée, des jeunes de la cité des Buttes Rouges.
Les courriers envoyés début janvier au Préfet de Police et au ministre de l’Intérieur pour les supplier de changer leur mari de région sont restées lettre morte. Voici l’extrait de la lettre de Clotilde en ce sens:
« Je me permets de vous interpeller car je crains pour notre sécurité et notamment celle de nos deux jeunes enfants. Quand je suis seule à la maison avec eux, j’angoisse au moindre bruit à proximité de la porte d’entrée ou des fenêtres. J’ai l’impression de devenir folle à toujours avoir la sensation d’être suivie. Je fais attention à chaque fois que je sors de chez moi, à chaque fois que je prend la route pour rentrer, à chaque fois que je me rends à l’école de ma fille ou bien chez la nounou de mon fils. Ma fille étant à l’école maternelle j’ai peur qu’elle soit épiée la bas, peur que nos habitudes de vie soient surveillées. J’en suis arrivée au point où je cherche à quitter la région avec les enfants afin de ne pas risquer de mettre en péril leur sécurité. Mais cela veut dire les priver de leur papa s’il ne peut pas nous suivre. Cela voudrait aussi dire laisser mon compagnon seul, toujours dans la crainte qu’il lui arrive quelque chose. Le monde dans lequel nous vivons actuellement est rempli de violence et je refuse que ma famille puisse être détruite ou même mise en danger.
Clotilde, femme de flic travaillant à Châtenay-Malabry
J’ose croire que mes mots vous feront prendre conscience de la difficulté de la situation que nous traversons en ce moment et du temps qu’il faut à l’administration pour rendre une décision. Faut-il attendre qu’un drame se produise pour que des actions soient mises en œuvre ? »
« Notre technostructure nous dit que si les policiers doivent déménager sous la menace des dealeurs, on va manquer d’effectifs. »
Jean-Christophe Couvy, secrétaire national Unité SGP, sur CNews
La réaction de Mickaël Dequin, secrétaire départemental Unité SGP 92





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