Une dette de 4,5 milliards d’euros et un déficit de 17,9 milliards d’euros. Pour Electricité de France (EDF), c’est la descente aux enfers telle qu’une entreprise du CAC 40 (détenue par l’Etat à 87% en attendant de l’être à nouveau à 100%) n’en avait pas connu depuis deux décennies. Et ce, malgré une hausse de quasiment un million de clients.
Dans la continuité de la hausse des prix de l’énergie constatée dès 2021, il y a eu trois facteurs dans cet effondrement des résultats d’EDF.
D’abord l’indécence du marché européen de l’électricité. Concrètement, c’est le fait de vendre l’électricité à bas prix (jusqu’à 10 fois plus bas que le prix du marché) à ses concurrents. En se calant sur un prix plancher (42 euros le MWh) qui est resté inchangé depuis une douzaine d’années. Et quand on dit indécent, ce n’est pas une vue de l’esprit. Car vendre 120 térawattheures de sa production nucléaire à ses concurrents (TotalEnergies, Eni ou Engie par exemple), a coûté la bagatelle de 8,4 milliards d’euros à EDF en 2022.
Ensuite, il y a les conséquences des affaires de corrosion (même minimes) dans les centrales nucléaires qui ont rythmé l’année 2022, avec un contrôle renforcé de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN). Sont concernées des microfissures (sans dangerosité particulière) sur des coudes de tuyauteries et des points de soudures.
Autant de « mises en pause » qui a réduit significativement le nombre de centrales nucléaires en activité (jusqu’à 25 centrales fermées sur les 56 existantes) en 2022. À la fin de l’année, en lieu et place de sa prévision des 360 TWh d’électricité nucléaire, EDF n’en aura fourni que 279 TWh. Et cette baisse de la production qui en découle coûte extrêmement cher : 32 milliards d’euros.
Pour ne rien arranger, sur le front des barrages, la production électrique a atteint son «plus bas niveau» depuis la fameuse sécheresse de mai à juillet 1976.
Enfin, concernant ses projets stratégiques, l’énergéticien français doit provisionner environ 50 milliards d’euros pour les futurs chantiers d’EPR (dont Flamanville).
La Droite au cœur 
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