Le masque tombe. Sous couvert de modernisation démocratique, l’exécutif relance une vieille lubie technocratique : la proportionnelle aux législatives. Et Bruno Retailleau, seul au gouvernement à incarner encore une colonne vertébrale à droite, sonne l’alerte. Sans détour, il prévient : s’il faut défendre cette réforme, il ne le fera pas et pourrait quitter le gouvernement.
Une position claire, courageuse et salutaire. Car au-delà des éléments de langage centristes, la proportionnelle, c’est l’éparpillement garanti, l’instabilité chronique, et l’impuissance politique élevée au rang de système. Le ministre de l’Intérieur, qui sait ce que gouverner veut dire, n’a pas mâché ses mots : « cette réforme serait un poison lent pour la Ve République, qui repose sur une majorité claire, forte, et enracinée ».
Laurent Wauquiez parle d’un « tripatouillage », et il a raison
Ce 2 juin, Laurent Wauquiez se filme à la sortie d’une réunion avec le Premier Ministre, François Bayrou.
« On aurait pu parler de dépenses publiques et d’impôt, NON »…
« On aurait pu parler d’insécuité ou d’immigration, NON »
« On aurait pu parler de service public, NON »
« La seule priorité politique du Premier Ministre, c’est le tripatouillage des règles électorales pour mettre la proportionnelle«
« Je trouve ça hallucinant et innacepable »
On modifier les règles de l’élection quand on se sent faible
Modifier les règles du jeu à l’approche d’échéances cruciales, c’est un classique du pouvoir aux abois. Avant les législatives de 1986, le président socialiste François Mitterrand impose la proportionnelle intégrale par département, alors que jusque-là les élections se faisaient au scrutin majoritaire. Résultat, Le Front National entre pour la première fois à l’Assemblée avec 35 députés.
Depuis plus de 30 ans, le président du MoDem défend la prortionnelle comme une réforme « de justice démocratique ». Mais derrière le discours idéaliste, il y a une mécanique politicienne bien rodée. Pour Bayrou, c’est l’assurance de la survie du Modem! C’est l’arme du poids léger qui veut boxer en poids lourd!
Bruno Retailleau doit tenir bon. Et s’il faut partir pour ne pas trahir ses convictions, alors qu’il parte. Ce serait un signal fort. La porte reste grande ouverte… mais il ne la pousse pas. Faut-il y voir un sursaut de fermeté ou un exercice de communication bien taillé pour flatter la base ? À force de manier le couperet verbal sans jamais trancher, le ministre de l’Intérieur risque surtout de se sculpter une posture… sans passage à l’acte.





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