À 74 ans, Michel Barnier sort du bois. (Le Point – 5 juin 2025). Pas pour un caprice d’ego ou un baroud d’honneur. Mais parce qu’il voit ce que nous voyons tous : un pays qui tangue, une classe politique qui bredouille, un État qui s’effondre – et personne à la barre. Alors Barnier reprend la plume, publie Ce que j’ai appris de nous, et pose ses cartes sur la table : il est prêt pour l’Élysée.
Le gaulliste contre les enfants-rois
Barnier n’est pas de ceux qui enchaînent les punchlines TikTok. Il a serré la main de Jean-Paul II, négocié avec Poutine, représenté la France devant Bush. Il vient d’un autre monde – celui des hommes d’État. Et face à une génération de gestionnaires sans colonne vertébrale, il incarne une autorité sobre, ferme, enracinée.
Son constat est implacable : la France vit à crédit, sa dette explose, ses élites mentent, ses dirigeants vacillent. Il propose donc un remède de cheval : moins de dépenses, plus d’autorité ; moins de bureaucratie, plus de terrain ; moins de clientélisme, plus de courage.
“Être impopulaire plutôt qu’irresponsable”
C’est le fil rouge de son retour : le courage contre la lâcheté. Dans ses mémoires, il règle ses comptes avec les faux-semblants. Il fustige Marine Le Pen, « copie de Mélenchon », étrille Macron, « tacticien du vide », méprise Philippe, « colère tardive ».
Le cri d’alarme d’un ex-Premier ministre trahi
Mais Barnier, c’est aussi l’amertume froide d’un homme qui a vu l’intérieur du pouvoir. Il raconte Matignon comme un naufrage organisé : un président isolé, une majorité divisée, une gauche suicidaire, un Rassemblement national embusqué. Éric Ciotti ? Un “Judas”, qui aurait vendu la maison gaulliste pour un strapontin chez Le Pen. Le PS ? Irresponsable, prompt à faire tomber le gouvernement sans même en connaître les orientations.
Et Macron ? Au lieu de tendre la main à la droite républicaine pour bâtir une coalition solide, il a préféré le théâtre des débauchages individuels – choix cynique, dont la dissolution de 2024 fut le point d’orgue. Résultat : un pays sans gouvernail, livré aux minorités agissantes.
La coalition ou la chute
Barnier lance un appel clair : réunir une droite républicaine, sérieuse, digne, qui ne baisse pas les yeux devant les islamistes, les bureaucrates ou les moralistes. Il appelle à l’union. Pas par calcul, mais par nécessité.
Barnier n’a rien à prouver. Mais il sait que la France est au bord du précipice, et que la prochaine décennie sera décisive. Alors il se tient prêt. Non pas comme un vieux lion nostalgique, mais comme le dernier adulte dans une pièce remplie d’enfants capricieux.





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