Le Sénat vient de publier un rapport sur «la réalité de la radicalisation islamiste». Cette commission créée à l’initiative des Républicains, en novembre 2019 compte une trentaine de membres. Leurs auditions ont balayé très large, dans le monde associatif, universitaire, politique ou institutionnel. Le tableau qui en ressort est très effrayant.
Et ce tableau est d’abord géographique :
«On pose un sujet de société: toute la France, sauf l’Ouest, est touchée par un islam radical (…) Aujourd’hui, en France, on assigne à résidence des gens au nom d’une norme religieuse. On ne peut pas l’accepter. C’est maintenant ou jamais qu’il faut réagir (…) «au-delà des lieux de culture, on assiste à la constitution dans certains quartiers d’un écosystème islamiste où l’on vit entre soi».
Au chapitre des propositions, (44 propositions en tout pour lutter contre ce fléau très français), les sénateurs prônent pour un effort de formation au thème de l’islam radical, ainsi que le rétablissement de la police des cultes et de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). L’objectif avoué est de faire respecter «l’infraction d’atteinte à la liberté de conscience».
«La France, qui n’est pas un assemblage de minorités mais une nation, ne peut avoir de doctrine d’accommodement raisonnable (…) La diffusion des comportements qui remettent en cause le vivre ensemble et portent atteinte directement à la liberté de conscience, à l’égalité entre les hommes et les femmes et aux droits des personnes homosexuelles».
Ainsi, les sénateurs souhaitent accentuer le contrôle des associations sportives, constatant que le sport est le «parent pauvre de la lutte contre le séparatisme»
«L’islamisme radical est polymorphe, s’insinuant dans tous les aspects de la vie sociale et tend à imposer une nouvelle norme sociale en se prévalant de la liberté individuelle.»
Pour la sénatrice LR du Val d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio, rapporteur hier du texte au Sénat, ses propos en 2018 étaient déjà très justes :
« Ce phénomène n’est pas nouveau. On l’a juste occulté et mis sous la table (…) Les premiers signes de cette radicalisation, c’est 2001, les tours de New- ork (…) Après en 2004, il a fallu faire une loi pour interdire le voile à l’école (…) Puis après on a laissé un petit peu les choses se faire (…) C’est une responsabilité politique collective.
La chasse aux financement étrangers
Parmi les mesures les plus spectaculaires, on liste aussi l’obligation faites aux lieux cultuels musulmans, de faire la transparence sur leurs liens avec des puissances étrangères (On pense au Quatar). Il s’agit pour toute association nouvelle de «signer une charte incluant le respect des valeurs de la République», notamment l’égalité hommes-femmes. Les sénateurs réclament aussi l’obligation, pour les associations à caractère cultuel, de faire la transparence sur leurs ressources, en particulier celles provenant de l’étranger.
Le rapport préconise l’interdiction des prêches des imams proches des Frères musulmans, et dont l’UOIF est une des incarnations en France. Rappelons que pour Ahmed Djaballah, le premier stade du travail de l’UOIF se fera suivant la démocratie, le second sera l’instauration d’une société islamique (cité dans La France malade de l’islamisme, par Mohamed Sifaoui, Le Cherche Midi, 2002)
Parmi les propositions les plus innovantes, l’instauration d’une base de données des élèves scolarisés à domicile et dans les établissements hors contrat, en vérifiant la formation de ceux qui les encadrent, par des « enquêtes administratives aux décisions de recrutement et d’affectation».
Hier, lors de la séance des questions au gouvernement, Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur, a identifié « l’islam politique » comme un « ennemi mortel pour la République ».
Un complément d’information incontournable, à mon sens, « Taquiyya » de Mohammed Sifaoui, Éditions de l’observatoire, octobre 2019.
Ça fait froid dans le dos.