Arrivé au pouvoir en octobre 2019, face à un candidat en prison, Kaïs Saïed, 62 ans, impose avec Habib Jemli, son premier ministre islamiste issu du parti Ennahdha, depuis à son peuple un régime islamique, où le Coran s’impose dans le domaine de la famille et la Constitution tunisienne (lui-même étant constitutionnaliste) pour le reste des affaires du pays. Il faut rappeler que l’article premier de la Constitution depuis 1959, consacre l’Islam comme religion officielle: “La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la République”. Kaïs Saïed en 2012 considérait que « ne pas mentionner la charia [NDLR: dans la Constitution] permettra d’éviter les effets négatifs/rétrogrades de celle-ci » (AFP factuel).
Le projet de l’Etat Tunisien est clair: ramener les droits de la femme au stade où elle était en Arabie au VIIème siècle. Cela vaut notamment pour la question des successions, où l’homme « mérite » plus que la femme, conformément au Coran dans une interprétation littérale. Pour parler des femmes, le président a utilisé « rabatte el-hidjelb« . Une expression empruntée au temps des premiers musulmans pour dénigrer les hommes qui se soustraient à leur devoir militaire. De fait, l’égalité des individus devant la Loi n’existe plus.
Si le Coran doit être appliqué à la Lettre en dehors du champ de la famille, on pourrait imaginer voir la main tranchée rétablira-t-on on esclavage ou la polygamie ?
Dans ce pays, à majorité sunnite, le chômage est endémique, et le coronavirus a aggravé la situation. Il s’élève à 18% au deuxième trimestre 2020.
Pour ce qui est de la situation des femmes, ce grand retour en arrière d’un pays du Maghreb qui a connu beaucoup de tentatives de modernisations et de réformes théologiques à partir du XIXème siècle interroge. Il est loin le temps où Saïed participait à la Révolution du Jasmin en 2010-2011. Car aujourd’hui, pour les femmes, cela ne sent pas bon du tout, du tout.