C’était le souhait du Président de la République, Emmanuel Macron, le mois dernier: créer un « Conseil national des imams » (CNI), censés « labelliser » la formation des imams en France, ainsi qu’une « charte des valeurs » (NB: une charte de plus, car il y en a déjà eu en 1994 et en 1999) pompeusement intitulée «attachement aux lois et principes essentiels de la République».
Pour ce faire, le Conseil Français du Culte Musulman devait se mettre autour de la table et accoucher d’un texte consensuel en quelques semaines, début décembre 2020, qui permette de faire cohabiter l’Islam et la liberté de conscience à la française.
Patatras ! L’organisme, dirigé par le franco-marocain Mohammed Moussaoui, n’a pas réussi ce qui est impossible: faire la synthèse de toutes les tendances incarnées dans les neuf fédérations actuelles de ce qu’il est convenu d’appeler « l’Islam de France » mais que d’aucun appelleraient plutôt « l’Islam en France ».
L’apostasie ne passe pas…
En cause, les composantes islamistes du CFCM, inféodées aux pays du Golfe et à la Turquie, qui ont brandi comme une fin de non-recevoir l’inscription de l’apostasie (la possibilité de renoncer publiquement à une religion) dans la Charte, l’école et également la définition de l’Islam politique, qui regroupe les Frères musulmans, le wahhabisme, et le salafisme.
Le texte final, plusieurs fois repoussé, a d’ores et déjà fait une victime: La Grande mosquée de Paris, par la voix de son recteur, Chems-eddine Hafiz, qui ne veut pas se mêler de ce panier de crabes et de rompre tout contact avec les islamistes du CFCM.
« Malheureusement, la composante islamiste au sein du CFCM, notamment celle liée à des régimes étrangers hostiles à la France, a insidieusement bloqué les négociations en remettant en cause presque systématiquement certains passages importants«
Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris