L’élection présidentielle de 2022 fait souvent apparaitre de drôles de déclarations. D’abord, celles prêtées à l’ancien Président de la république Nicolas Sarkozy, qui, bien que retiré du jeu politique, se voit, d’après certains journalistes, en arbitre suprême de l’élection du même nom. Un cadre des LR résume la situation:
« Si on (NDLR: Les Républicains) a un candidat capable de bousculer le match, je ne vois pas comment Sarkozy pourrait ne pas soutenir sa famille politique (…) En revanche si on a une candidature de témoignage, il pourra dealer avec Macron«
Un élu LR cité par Le Figaro, 22/03/2021
« Dealer » avec Macron? Hors de question

Ensuite celle-ci, bien réelle, que le patron des LR, Christian Jacob a lancé: «Imaginer un deal avec Emmanuel Macron? On aura du mal à me trouver sur cette voie». Du mal? C’est tout?
Du côté de l’Elysée, on imagine le grand Parti de Droite se fracturer en 3 blocs, entre ceux qui soutiendront Xavier Bertrand, ceux qui souhaiteront une primaire mordicus, et enfin ceux qui considéreront que, faute de leur siège assuré à l’Assemblée en cas de second mandat Macron, et pour éviter de disparaitre du paysage politique pendant cinq longues années, il vaut mieux s’allier à Emmanuel Macron au premier tour, à l’image de Christian Estrosi.
Et dans le camp d’Emmanuel Macron, au delà du débauchage individuel qui a vu Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et Edouard Philippe rentrer au gouvernement, après avoir pourtant critiqué durement le candidat Macron, on pense même proposer un accord de coalition avec la Droite. Ce que voit le Modem, l’allié principal des marcheurs, d’un très mauvais oeil.
On a aussitôt d’autres bruits de couloir qui voulaient que le Président de la République appelle près de lui François Baroin, ce que son entourage a démenti depuis: «Il (Baroin) souhaite être candidat à la présidentielle, pas premier ministre d’Emmanuel Macron» (op cit.).
Un départage en septembre-octobre ?
Du côté des Républicains, seul un report ou une défaite de Xavier Bertrand aux régionales peut complètement rebattre les cartes et avancer la date de la fameuse « primaire » que la direction du parti préfère appeler « départage ». Car le Président des hauts-de-France se présentera quoi qu’il en coûte, contrairement à Valérie Pécresse qui n’exclut pas de se présenter en face de Bruno Retailleau, Philippe Juvin ou David Lisnard (liste non exhaustive).
Mais face à toutes ces équations, il faut revenir à la réalité des chiffres, car pour atteindre le deuxième tour, à moins d’une explosion de l’offre des candidats ou d’une candidature surprise, il faudra certainement dépasser les 20% des voix y compris pour Macron, et imaginer que la gauche socialiste restera dans l’apathie actuelle qui la font plafonner pour l’instant Anne Hidalgo sous les 10% (avec une pointe à 16% le 28 janvier 2021 pour Harris). François Hollande, lui, n’a pas encore amorcé un éventuel retour.

Enfin, en l’absence de « front républicain » dans la cas d’un duel Macron/Le Pen, l’issue du scrutin peut être différente de celui de 2017. Sauf, dernier cas de figure, si la Justice empêche Marine Le Pen comme elle empêchée François Fillon en 2017.