Un climat épouvantable. Voilà comment décrire l’univers du personnel enseignant du collège Notre-Dame-du-Rocher, à Chambéry depuis ce mercredi 15 décembre 2021. A la fin d’une pause, alors que la cloche retentit dans la cour de récré, Anna-Chloé une élève de sixième d’origine camerounaise de 11 ans, fait une lourde chute vers l’avant qui lui casse le nez. Un professeur d’éducation physique lui porte immédiatement secours. Suite à cet accident qui lui vaut une longue hospitalisation, la jeune fille soutient qu’elle a été poussée. Ce qu’aucun des 200 autres élèves de la cour de récré, ni les adultes présents qui surveillaient la cour, ne confirme. La jeune fille est déjà soupçonnée de mythomanie pour avoir indiqué à son collège qu’elle s’occupait de nourrissons, quand sa mère indique le contraire.
« Vous voulez protéger un blanc »
L’avocat d’Anna-Chloé, Maître Ndoumou, fait le lien avec des faits de harcèlement dont elle serait la victime : «On l’a insultée de sale baleine à cause de son surpoids, mais aussi de sale nègre». Précédemment, aucun signalement n’avait été fait auprès de l’établissement ni de la Justice. Pour l’avocat, les élèves qui ont vu l’agression se sont donné le mot pour ne pas en dire la réalité.
Du côté de la mère de famille, le ton est accusateur contre le chef d’établissement. Furieuse que celui-ci ne lui fournisse pas les images de vidéo-surveillance censées prouver sa version (en réalité, plusieurs caméras seraient hors service), elle déclare «vous voulez protéger un blanc».
Des adultes « sous pression »
Le parquet a d’ores et déjà écarté la thèse de l’acte raciste. De son côté, le rectorat joue l’apaisement.
«L’emballement n’est au bénéfice de personne, nous voulons faire retomber la pression pour tout le monde.»
Samuel Vitel, directeur de cabinet de la rectrice de l’Académie de Chambéry
Mais l’engrenage mortifère est déjà en branle.
En effet, les jours suivants, l’animateur Cyril Hanouna a lancée une cagnotte en ligne pour payer les frais de la famille, soit 30.000 euros. C’est alors que l’affaire devient publique. Dès lors, les réseaux sociaux ont fait leur œuvre : le proviseur, dont l’adresse personnelle a été divulguée, a été placé immédiatement sous protection policière. Au total, ce sont 300 menaces de mort qui déferle sur l’équipe du collège. L’affaire Samuel Paty n’avait pas commencé si différemment.