Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. C’est ainsi que l’on peut entendre rétrospectivement l’audition de l’ex-directrice de la maison d’arrêt d’Arles Corinne Puglierini devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale le 30 mars 2022 (vidéo en pied d’article).
A l’écouter expliquer à quel point elle maitrisait de main de maître son établissement, on aurait dit du français d’origine camerounaise Franck Elong Abé, meurtrier d’Yvan Colonna le 2 mars 2022 et compagnon de route des talibans au Pakistan en 2011, qu’il était un détenu comme un autre.
Elle alla même jusqu’à déclarer devant la représentation nationale que Franck Elong Abé «donnait entière satisfaction» en tant qu’auxiliaire de prison. Entière satisfaction? Mais c’est une plaisanterie, madame? Ou est-ce que vous cherchez à couvrir quelqu’un?
Une multitude d’incidents majeurs
Certaines questions restent sans réponse. Par exemple, comment diable Franck Elong Abé a-t-il pu obtenir ce statut d’auxiliaire de ménage? Lui qui était « détenu particulièrement signalé » en novembre 2015, et de nouveau en mai 2020, lui devait sortir en décembre 2023, devait-il pouvoir se retrouver seul avec un autre détenu pendant 8 longues minutes? Qui croyait vraiment dans son projet de sortie de prison d’élever des chèvres? Allait-on le surveiller chaque minute, pour reprendre l’expression de Dupond-Moretti?
Il suffit de lire le chapelet de violence que cet islamiste, diagnostiqué « psychotique », qui refusait de parler aux femmes « au nom de sa religion » a commis en détention pour se poser la question avec d’autant plus de force.
Un parcours de violence et de solitude dans l’islam rigoriste
- D’octobre 2019 à avril 2020, il arrive à la prison d’Arles et intègre le quartier d’isolement
- De juin 2020 à février 2021, il rate de nombreuses heures de sa « formation aux espaces verts »
- 17 juillet 2020, il donne coup de tête à un autre détenu
- Octobre 2020, il soutient « à demi-mot » de l’assassin de Samuel Paty
- 10 décembre 2020, il déclenche un incident dans la cour de promenade et détérioration d’équipements
- 14 avril 2021, il menace un surveillant
- De mai à septembre 2021, il boycotte le plateau sportif.
- A cette même époque, en mai 2021, l’administration pénitentiaire renonce à le placer dans un « quartier d’évaluation de la radicalisation ». Dans son dossier il est pourtant indiqué qu’il voulait « accéder au paradis », « mourir en héros » et être « grand par l’islam ».
- 25 août 2021, il agresse physiquement un membre du personnel de la prison
- 14 janvier 2022, il assène un coup de poing à un autre détenu
Ci-dessous la version intégrale de l’audition de l’actuel et l’ancienne chef de la maison d’arrêt d’Arles.
Rv