Comme c’était beau en mai 2021* de voir le premier ministre Jean Castex et ses ministres en charge du régalien Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin jurer de concert que les agresseurs des policier et de gendarme ne bénéficieraient plus d’aménagement de peine, ni d’aucune clémence.
Comme c’était émouvant lorsque le trio macroniste parlait d’un nouveau «délit spécifique» pour sévir «plus durement» contre quiconque toucherait à l’uniforme.
Les français, devant leur écran, frissonnaient de plaisir. « Avec Macron, l’impunité, c’est fini », pensait-il sans doute sur le moment.
Et comme rétrospectivement, cela sonne faux.
Le policier hors service dormait tranquillement quand…
Samedi 23 juillet 2022, à Grande-Synthe, sur le coup d’1 heure 40 du matin, Yannick, un policier travaillant à Dunkerque qui dormait paisiblement avec sa compagne a entendu débarquer deux individus alcoolisés et shootés à la marijuana au pied de sa maison, à bord de leur voiture, musique à fond.
Yannick descend à leur rencontre. Sa femme observe la scène depuis le balcon. L’un des deux lui lance :
« C’est toi le flic qui habite au coin de la rue ! On va te planter, on va cramer ta maison, tes enfants. Ta femme, on va la violer, toi et toute ta famille, on va vous scalper. Nous, on est du quartier, toi tu n’es rien. On va te crever. Hé ouais ! La nuit, t’es pas flic, tu peux rien faire. »
Plaque d’égout et voiture-bélier
Les deux hommes lui lancent une cannette depuis une plaque d’égout au visage, que Yannick évite de peu. Puis, après avoir abimé leur boite aux lettres, les deux hommes lui fonce dessus à bord de leur voiture. Yannick a juste le temps de se dégager pour éviter le choc de l’arrière du véhicule.
Interpellés quelques heures plus tard grâce à leur plaque d’immatriculation, les compères, 40 et 52 ans, tous deux originaires de Grande-Synthe ont été mis en cellule de dégrisement. Quelques jours plus tard, ils seront plus à l’aise à la barre du tribunal, qu’ils ont déjà connu chacun à 5 reprises. Ils expliqueront qu’ils ne connaissait pas le policier (NDLR: et pour cause il travaillait dans la grande ville d’à côté), qu’ils étaient bourrés, quoi.
Condamné à 16 mois de prison dont 6 fermes, grâce à l’aménagement de peine (tiens, mais pourtant qu’est-ce qu’on a dit tout à l’heure?) ils ressortent libres du tribunal. Quand au couple du policier, il a comme seul projet de mettre sa maison en vente. Le « ministre des détenus » comme il s’appelle lui-même fluidifie ainsi le marché de l’immobilier: on se débarrasse des honnêtes gens et on garde la racaille.