La gauche intellectuelle contemporaine est toujours surprenante dans ses indignations sélectives. Surtout quand il s’agit d’Islam. Plus que jamais, « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».
Dans le petit milieu gauchiste, on continue à faire du voile un instrument de liberté… en France
Dans une Tribune dans l’Obs, l’historien de l’Université de Princeton Joan W. Scott et le sociologue de Paris-8 Eric Fassin ont tenté de montrer combien le voile islamique n’était constitué que de subjectivité.
Ces deux intellectuels tentent à grands renfort de sophismes d’effectuer la distinction entre le voile en Iran et celui en France. Que prétendent-ils?
Que si la liberté est un absolu, le cours de l’Histoire vers plus d’émancipation des femmes, lui, est un particularisme inhérent à chaque culture.
Que le voile n’est qu’un « instrument de liberté » de plus parmi tous ceux qui sont disponibles dans les sociétés occidentales, en plus d’être un reflet de leur religion.
Plus avant, qu’il n’y a pas de féminisme «pro-voile» mais qu’un féminisme «pro-choix». Le choix en l’espèce, ressemble à celui entre la peste et la choléra : le voile ou le voile.
C’est cette subjectivité, qui, naturellement, nourrit le dessin des Frères musulmans et alimente les procès en islamophobie d’Etat, en cours ou à venir. Car si les femmes peuvent porter le voile dans l’espace public (sauf dans certains lieux bien définis) en France, c’est parce que l’Etat est protecteur, tout l’inverse de l’Iran.
Pour citer la journaliste, réalisatrice et écrivain française née à Téhéran Abnousse Shalmani le problème de la distorsion du rapport entre hommes (désirants) et femmes (désirées) est l’Islam et la Loi islamique et non le « voile obligatoire » comme on l’entend parfois sur les ondes.
« Serait-il incongru de constater, comme Huda Shaarawin militante féministe et anticolonialiste qui avait retiré son voile en public au Caire en 1923 que le voile est incompatible avec le droit et la liberté? »
Abnousse Shalmani, l’Express (27/10/2022)
Lire notre dossier sur le voile en Iran et dans le monde.
La révolte des jeunes (et moins jeunes) en Iran
Dans la République islamique d’Iran, les femmes se dévoilent les cheveux avec courage devant le risque d’être massacrées ou torturées. Qu’elle bondissent d’horreur en entendant le sermon public de l’ayathollah Sayyid Ahmad Alamolhoda énoncé dans la ville de Machhad, stipulant que:
« Les femmes qui portent un hidjab mal ajusté doivent sentir la haine des gens qui les entourent. Exprimer la haine et le dégoût envers une femme sans hidjab est un devoir dibin. »
C’était juste avant le 13 septembre 2022. Ce jour où la jeune Masha Amini ne meurt dans un commissariat après son arrestation par la « police des moeurs » à cause d’une mèche de cheveux qui dépasse (Midi Libre). Et cela a donné lieu à des vidéos extraordinaires, comme celle-ci :
Les universités à Téhéran ou ailleurs, sont en ébullition contre le régime des mollahs et l’idéologie du Guide suprême Ali Khamenei qui impose ces prisons de tissus. Qu’ils font brûler en place publique aux cris de « Liberté, liberté, liberté ».
Tout cela a lieu à travers les réseaux sociaux que le nouvellement créé « Conseil suprême du Cyberespace » peine à réprimer totalement.
Hasard du calendrier ou non, le pouvoir iranien, lui, tente de se donner un vernis respectable en accédant au comité des droits des femmes de l’ONU pour 4 ans.
D’ailleurs pourquoi se priverait-il, puisque l’exemple vient d’en haut? Durant sa vraie-fausse campagne électorale, le 13 avril 2022, quelque jour après avoir accroché officiellement à sa campagne Zineb El Razhoui, le président Emmanuel Macron déclarait que l’on pouvait être féministe et porter le voile.