C’est à se demander s’il a été Premier ministre de la France un jour. Dans son long interview au Point cette semaine, l’ancien Premier Ministre d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe, 52 ans, semble découvrir la lune sur la question migratoire. Rappelons que c’est à lui qu’on doit la réunification familiale.
Lui qu’on voyait souriant derrière sa barbe presque immaculée, le 2 avril 2022, au meeting d’Emmanuel Macron, aux côtés de Jean-Pierre Raffarin, fervent défenseur de ce concept très progressiste de « l’Eurafrique ».
C’est bien Édouard Philippe qui refusait au Parlement, contre toute évidence, que confère l’exercice du pouvoir, en octobre 2019 de lier «les dérives communautaires», et la politique migratoire (Le Parisien). Et on pourrait continuer sa liste de dénis à l’infini…
La crise démographique n’a pas encore commencé
Le voici qui décrit la « poussée démographique incroyable » de l’Afrique, singeant l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy en 2019 avec la « poussée démographique incroyable » de l’Afrique:
«C’est une poussée démographique incroyable en Afrique, en Asie centrale et une Europe qui vieillit. Je ne suis pas le plus sarkozyste du lot, mais quand Nicolas Sarkozy dit que la crise de l’immigration n’a pas commencé, il a raison ! (…)
Population de l’Afrique entre 1950 et 2022

Réforme des traités
Le voilà, lui qui a signé le 19 décembre 2018, à l’ONU le Traité de Marrakech (pourtant non-contraignant), nous parler de la nécessité de sortir des traités, qui eux, le sont:
«Si vous voulez faire une politique d’asile européenne, il faut que les pays européens se mettent d’accord et il faudra changer la Constitution. Il faut aussi s’interroger sérieusement sur l’accord franco-algérien. On peut même parler de la Convention européenne des droits de l’homme, de la Convention de Genève. Le cadre juridique tel qu’il est fixé et tel qu’il est interprété est un système qui contraint et qui empêche un changement radical.»
Comme l’indique le constitutionnaliste Philippe Blacher: «Le paragraphe 5 de l’article 60 de la convention de Vienne est clair : il stipule que les traités à caractère humanitaire s’imposent aux Etats, et donc la Cour Européenne des droits de l’Homme (CEDH)» (Libé).
En parlant de la CEDH, c’est pourtant Édouard Philippe qui demandait par voie de circulaire 5966/SG, le 22 septembre 2017 à ce que la France cesse d’être un mauvais élève en termes d’exécution des décisions de la CEDH.
Après avoir lu toute cette prose, je me dit qu’il est touchant, cet Edouard Philippe. Touchant, certes, mais pas au but. Après tout, osons un pari sur l’avenir.
Édouard Philippe, a-t-il conscience que la prochaine élection présidentielle, à laquelle il dit se « préparer », favorisera celui qui sur ce sujet comme sur d’autres n’a pas changé autant que la direction du pas d’hélice arrière avant d’affronter le gros temps en mer?