jeudi 8 juin 2023 |

Les frères musulmans à l’assaut de l’Europe

Un peu partout en Europe, les Frères musulmans, tout comme les salafistes, cherchent, de manière parfaitement décomplexée, à imposer la loi islamique, la Charia. Et les « fréristes » (comme on les appellent aussi) mettront le temps qu’il leur faudra, moins par leur violence (comme les salafistes) que par une construction patiente d’une société de ce qu’eux appellent le « bon musulman ». Et cela, en utilisant trois leviers:

  • Les mosquées où leur idéologie est relayée,
  • Les associations complices de leur idéologie (charité communautaire, aide aux femmes, culture…),
  • Les écoles confessionnelles sous contrat.

Un point d’histoire sur les Frères musulmans

Les Frères musulmans furent créés en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna, le grand-père de Tariq et Hani Ramadan. Cette idéologie d’origine sunnite, distincte des salafistes, mêle politique et religieux en permanence, car dans l’Islam qu’il défend, aucune Loi n’est supérieure à celle de Dieu.

Mais, disons-le tout de suite, les idéologues de ce mouvement, qui aparaissent dans les années 80/90 en France, manient l’art de la « Taqîya », c’est-à-dire de la dissimulation de leurs profondes convictions vis-à-vis d’un Occident décadent.

Et c’est dans cette entourloupe qu’est tombé le ministre de l’Intérieur des années 2002-2007, Nicolas Sarkozy, qui a fait de l’Union des organisations islamiques de France [UOIF] devenu la fédération nationale Musulmans de France, un interlocuteur crédible dans sa volonté de faire un « Islam de France » et un « bouclier » contre les salafistes. La suite de l’histoire sera dirons-nous, plus « complexe ».


Une volonté de régner par les urnes

Selon le responsable du renseignement territorial auditionné par une commission parlementaire de l’Assemblée nationale sur l’attentat de la Préfecture de police de Paris présidée par Eric Ciotti en décembre 2019, c’est une conquête organisée qu’ils ont en tête:

«Il s’agit d’une élite souhaitant irriguer complètement la société en entrant dans la vie publique, voire politique. Rassemblés au sein d’une fédération nationale, Musulmans de France, ils désirent clairement prendre le pouvoir par les urnes. (…) Le but est de faire un jour que le pays dans lequel ils se trouvent soit régi par la loi de Dieu et non par la loi des hommes.»

Madame Lucile Rolland, directrice centrale adjointe à la sécurité publique, cheffe du service central du renseignement territorial, Assemblée Nationale, Mercredi 11 décembre 2019,

En France, où les services de renseignement dénombrent 55.000 membres de l’organisation et 130 lieux de cultes apparentés aux Frères musulmans, la Loi contre le séparatisme du 24 août 2021 a troublé le jeu de ces intégristes, notamment concernant la quiétude des écoles confessionnelles. Pour Vincent Geisser, chercheur du CNRS à l’Université d’Aix-Marseille dans l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM):

« Actuellement, ils sont en crise car ils avaient fait du dialogue avec les représentants de l’État, leur ligne principale et aujourd’hui, ils ont un problème de dialogue avec l’État. »

Vincent Geisser, chercheur au CNRS

Les frères musulmans dans les autres pays européens

En Belgique, de la même manière, les Frères musulmans ne montrent pas leur visage au grand jour, ni leur lien avec la branche-mère égyptienne, mais, comme en France, sont plutôt dans une démarche de lobbying, d’associatif et de relations publiques. On a vu la commissaire à l’égalité démissionner en 2021 après la révélation de ses liens avec les « fréristes » belges. Certains, parmi les plus fins connaisseurs du dossier, en prenant Molenbeek comme référence, parlent de Bruxelles comme du « califat de l’Europe ». Cela fait froid dans le dos.
Le service de « Sûreté de l’État » belge a communiqué sur cette entrisme des Frères musulmans, qui a pour corollaires le repli identitaire, la violence et le terrorisme:

«Ils tentent de peser sur le débat public et l’élaboration de la politique (gouvernementale ou locale) en développant de bonnes relations avec des personnes influentes dans divers cercles de la société (politique, société civile, économie) au sein desquels ils s’efforcent eux-mêmes d’accéder à des positions d’influence (entrisme) et par lesquelles ils tentent de contrôler ou de rallier une large panoplie d’organisations (et d’ONG) avec pour but réel d’ouvrir la voie à leur vision du monde et de la mettre en œuvre.»

La Sûreté de l’Etat belge

Aujourd’hui, au sein de l’Union européenne, peu combattent frontalement les Frères musulmans. Dans le langage aussi, une certaine tendance du politiquement correct viserait à les nommer en parlant d’eux comme de « musulmans conservateurs » voire « ultra-orthodoxe ». On voit même à la tête de la Commission européenne une grande ouverture à leur représentant, la branche frériste de la jeunesse, la FEMYSO, qui dont le mot d’ordre semble être « mon voile, ma liberté ».

En Allemagne, où l’on dénombrait 28.290 islamistes en 2021, le renseignement intérieur a indiqué que l’objectif des Frères musulmans d’établir la charia était clair. Ils «visent un changement de la société allemande à long terme par l’instauration de la charia via une pénétration dans la société allemande». En février 2022, la charia a été évoquée explicitement devant le Parlement, par le co-président des Verts allemands. Aux pays-bas, le constat des services de renseignements est identique, iil s’agit là encore pour les fréristes de «créer une société civile qui finira par initier un mouvement de masse visant à changer radicalement la société».

Au sein des gouvernements européens, seule l’Autriche du conservateur Sebastian Kurz, a votée, le 8 juillet 2021, l’interdiction de cette organisation en l’inscrivant sur la liste noire des «groupes extrémistes liés à la criminalité à motivation religieuse».

Pour lutter contre cette menace existentielle sur l’Europe, il faut une politique globale, qui comprenne une reprise en main de l’immigration, l’assimilation, ainsi que la réhabilitation d’un récit national avec un modèle français qui tourne le dos au communautarisme.


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Thomas Yves
Thomas Yves
Responsable éditorial de la Droite au coeur depuis 2020. Intérêts: livres, politique, géopolitique, économie, déconstruction, séparatisme islamique.
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