C’est un changement de doctrine majeur, quoi qu’en dise le Gouvernement français, qui a abandonnée la politique du retour au « cas par cas » des djihadistes (dont la France a été premier pays pourvoyeur), en commençant par les plus jeunes, qui était celle en vigueur depuis le quinquennat de François Hollande, c’est-à-dire de 2016 jusqu’à l’été 2022.
Entre-temps, le 14 septembre 2022, à la demande de parents de tous ces djihadistes, un arrêt ubuesque de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) avait conclu au viol par la France du protocole n°4, article 3 de la Convention européenne qui indique que «Nul ne peut être privé de droit d’entrer sur le territoire de l’État dont il est le ressortissant». C’est cocasse quand on sait que la première chose en traversant la frontière turco-syrienne qu’ait faite ces djihadistes est de brûler leur passeport.
Concernant les enfants qui sont suivis par le Parquet National Antiterroriste, l’UNICEF considère qu’un enfant est toujours une « victime » des choix de ses parents, donc que la charge de son désapprentissage de la violence et du traitement de son exposition à celle-ci incombe à son pays d’origine.
Les femmes les plus endurcies dans leur allégeance à l’Etat islamique
Cette semaine, 15 femmes (âgées entre 19 à 56 ans) et 32 enfants (dont quelques adolescents de 12-13 ans) qui étaient emprisonnés dans des camps de djihadistes dans le Nord-Est de la Syrie sont revenus en France. C’est la seconde vague de retours de ce type d’individus, après celle du 20 octobre 2022.
Parmi elles, de nombreuses femmes de cadres et de fondateurs de l’Etat Islamique, enrôlées dès les débuts, et prêtes à aller jusqu’à la mort. Prêtes surtout, à entrainer leurs enfants dès le plus jeune âge, les «lionceaux du califat», aux vidéos les plus violentes et au maniement des armes. Un responsable du Renseignement explique au Figaro:
«On ne compte plus les dossiers où figurent ces combattantes posant avec kalachnikov et bébés dans les bras.»
Prêtes, même, à sacrifier leurs enfants sur le théâtre des opérations militaires puisque la « cause » le justifiait.
Les américains et les autorités kurdes ont patiemment constitué des preuves de leurs exactions (torture, incendie, meurtre, etc.) au cours des années pour permettre leur inculpation pour de peines de longue durée. Mais en France, les peines les plus longues sont infiniment moins dures. D’ailleurs, de nombreux djihadistes sont d’ores et déjà sortis des prisons françaises. Avec à la clé, une tentative de «déradicalisation» des femmes et des enfants dans le monde carcéral comme en-dehors de la part de l’Etat français qui est « très ambitieuse » vu les taux de récidive recensés dans le Monde. Sur les 5 prisons dans lesquelles les femmes djihadistes vont entre réparties, seules 2 d’entre elles ont des ailes réservées à ce profil très spécifique.
La France n’a plus les moyens de surveiller tout le monde
Comme le dit le spécialiste de l’islamisme Thibault de Montbrial, le risque est aussi celui de la contagion. Car au-delà des risques de prosélytisme fanatique, il y a aussi des risques sécuritaires pour l’ensemble de ces profils.
« Il y a une forme de prestige [pour] ceux qui sont partis rejoindre l’État islamique auprès d’une fraction heureusement minoritaire, mais néanmoins réelle, de la communauté musulmane »
Thibault de Montbrial, avocat et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, Le Figaro Abonnés
La France fait courir à la sécurité des français un péril mortel
Car comment surveiller toutes ces bombes humaines avec nos services de renseignement? Telle est la question qui se pose aujourd’hui. C’est une véritable question de souverainneté.
Au point de lever des inquiétudes auprès de parlementaires spécialisés sur les questions de terrorisme sur de futurs événements de masse dans l’Hexagone, que ce soit la Coupe de monde de rugby du 8 septembre au 28 octobre 2023 ou les Jeux Olympiques de Paris l’été suivant.