Comme l’écrivait Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe, « L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses limites. » Or, il y a quelque chose de l’ordre de Sisyphe chez le président de la République Emmanuel Macron.
Car, au fil des crises qu’il a lui-même alimenté, Emmanuel Macron est l’otage de ses propres incohérences et de ses revirements économiques multiples. On le voit de façon éclatante sur le dossier de la réforme des retraites.
Après avoir dit qu’il n’y avait « pas d’argent magique » et que les minimas sociaux coûtent un « pognon de dingue » quelques jours après l’arrivée du Covid19 en France, Emmanuel Macron a décrété dans un premier temps le « Quoi qu’il en coûte » puis dans un deuxième temps, il a multiplié les chèques et arrosé d’aides hasardeuses (comme des chèques énergie à des gens qui paient l’IFI) pour s’assurer de gagner l’élection présidentielle et de conserver son socle électoral.
Les Français sceptiques sur la réforme
Aujourd’hui, le fait pour le Gouvernement français d’agiter le trou du système des retraites de 10 à 30 milliards d’euros (selon l’évolution des dépenses et des recettes de l’État) pour le combler d’ici 10 ans peut laisser l’impression à une majorité de Français que l’argent pourrait être trouvé par d’autres biais que de faire peser sur les seuls actifs (surtout ceux qui ont travaillé tôt et ceux nés après 1968) la totalité de la charge de cette réforme.
Ensuite, il y a la manière de présenter la réforme des retraites aux Français. C’est la cinquième de la sorte depuis les années Chirac. Le Conseil d’Orientation des retraites (COR), dirigé par Pierre-Louis Bras, une personnalité venue de la gauche, est si peu crédible que la majorité le critique dès qu’elle donne des indications qui contrarie la présentation catastrophiste du Gouvernement.
Emmanuel Macron, c’est tout et le contraire de tout
Après nous avoir expliqué (pour gagner les voix de la gauche) que le système n’était pas en danger en 2017, puis en 2019 qu’il ne toucherait pas à l’âge légal, car ce serait hypocrite (voir vidéo ci-dessous), Emmanuel Macron a sabordé sa propre réforme de retraite à points, en y intégrant l’âge pivot, puis en prenant prétexte de la crise covid pour abandonner le principe même de la cotisation par points.
Ensuite, il s’est aligné sur la position de report de l’âge de départ à 65 ans proposé par Valérie Pécresse qui était la seule candidate susceptible, le temps d’un sondage (début décembre 2022), de le battre à l’élection présidentielle de 2022.
Comme l’explique le journaliste François Lenglet au Figaro,
« Il n’y a pas un argument utilisé pour justifier la réforme d’aujourd’hui qui n’ait été contredit à un moment donné par Emmanuel Macron lui-même. Tout cela donne aux Français le sentiment que les circonstances politiques et l’intérêt manœuvrier de court terme prévalent sur l’analyse objective. »
François Lenglet, Le Figaro, Les baby-boomers, c’est une génération de veinards, 31/01/2023
Cale se recoupe avec ce qu’un membre de la majorité, cité par le journal L’Opinion, disait aujourd’hui :
« Emmanuel Macron a un problème de conviction. Il essaie les discours, comme Dom Juan essaie les femmes. »
Un membre de la majorité présidentielle, dans l’Opinion, 01/02/2023