(Extrait) Charlotte d’Ornellas sur le non-confinement en banlieues

Extrait de l’article de Charlotte d’Ornellas, de la rédaction de Valeurs Actuelles, publié le 02/05/2020: Contrôles à deux vitesses, justice absente, autorité complaisantes… les banlieues livrées à elles-mêmes.

Pris entre l’hostilité de certains habitants des quartiers et l’inanité des consignes qu’ils reçoivent, les policiers de terrain ne cachent pas leur désarroi. Recueil de mots crus sur une réalité douloureuse.

Voilà plusieurs semaines que Paul (tous les prénoms ont été changés), commissaire en Seine-Saint-Denis, s’applique à faire respecter le confinement dans son difficile département. Il constate cependant que le relâchement n’est pas moindre quand il rentre le soir à Paris. Dans le détail, la comparaison lui semble pourtant difficile à maintenir:

«La différence, c’est que chez nous, les jeunes qui jouent au foot, fument dehors, organisent des rodéos ou font vivoter leurs trafics se contrefoutent de la loi et de ceux qui sont chargés de la faire respecter ! »,

Le discours est le même partout en France. À Poitiers, par exemple, où un policier se désole de la bêtise crasse de cette racaille:

« On a essayé de leur expliquer qu’ils risquaient de contaminer leurs proches… Ils s’en tapent. »

À la vue des images de quelques Parisiens réunis pour danser sur la voix de Dalida, certains se sont offusqués de la différence de traitement entre ces “bobos” gentiment dispersés par la police et les jeunes de banlieue à qui l’on réserverait les lacrymos et la garde à vue. Un policier des Yvelines ne sait pas s’il doit rire ou pleurer :

« Il y a plein de gens avec qui ça se passe de la même manière en banlieue! Mais qu’ils viennent observer ce qui arrive si l’on demande gentiment aux jeunes problématiques de rentrer chez eux. On se fait insulter, cracher dessus et caillasser, ça fait une petite différence dans l’intervention, c’est certain. »

« On nous a clairement demandé de ne pas aller dans les quartiers« 

Depuis l’annonce du confinement, ce ne sont pas tant les agissements d’une minorité défavorablement connue qui exaspèrent les policiers, que les ordres qu’ils reçoivent.

Un commissaire de Seine-Saint-Denis témoigne:

« On a reçu les mêmes ordres que dans le Calvados, mais par téléphone… »


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