Gérard Collomb pousse le bouchon lyonnais trop loin pour LREM

Dire que les élections municipales ont été un échec pour LREM serait un euphémisme. Ainsi, dans les grandes agglomérations, que ce soit à Paris avec Agnès Buzyn, ou à Lyon avec Yann Cucherat, tous deux arrivés en troisième position, les LREM ont fait des scores décevants, c’est un euphémisme. Ces résultats n’ont pas manqué de révéler les fractures d’un parti qui se déchire déjà à l’Assemblée Nationale.

Gérard Collomb, une des premières personnes à soutenir l’émancipation de Macron vis à vis du PS, est un habitué des coups de semonce (on se rappelle sa démission fracassante du Ministère de l’intérieur suite à l’affaire Benalla). Il a récemment ébranlé une nouvelle fois le parti présidentiel en annonçant retirer sa candidature pour la présidence de la Métropole de Lyon (1,3 millions d’habitants en 2015), à la faveur du candidat Les Républicains François-Noël Buffet.

Jeu de chaises musicales

Dans cette élection municipale à tiroirs, le candidat écologiste à Lyon a distancé tous ses rivaux. Le 28 mai, Gérard Collomb a confirmé son ralliement à la droite pour détrôner David Kimelfeld à la Métropole.
Cette décision, qui n’allait pas de soi, s’est conclue le mercredi 27 mai lors d’un entretien d’une heure avec le Président de la Région, Laurent Wauquiez (Le Monde). Christian Jacob a précisé dans la foulée que cet accord ne « relève aucunement d’un accord politique au niveau national. »

Au côté de Buffet, le Maire de Lyon depuis depuis 2001 a donné une conférence de presse commune où ils ont brandi l’épouvantail de la victoire d’un parti écologiste dans la 2ème ville de France.

Arrivé 2ème, le candidat LR, Etienne Blanc, a lui retiré sa candidature à la faveur de Yann Cucherat, (17,3 % des suffrages) LREM au premier tour. Conséquence politique immédiate ce vendredi : En Marche a retiré les investitures de Collomb et Cucherat.

Anticipant les critiques de son camp, l’élu Lyonnais fait référence à Emmanuel Macron:

« Lui aussi a été un transgressif à sa manière. Je me souviens même que lorsqu’il a démissionné du gouvernement, il a fallu qu’il s’y reprenne à deux fois parce qu’il avait bien conscience qu’à un moment donné, il y avait une ligne rouge, comme on dirait aujourd’hui, qui était franchie » (28 mai)


Une majorité groggy

Les critiques des responsables de la majorité ne se sont pas faites attendre :

Pour Sibeth Diaye, sur BFM TV le 28 mai 2020 :

Je ne sais pas si c’est un affront personnel fait à Emmanuel Macron, mais j’éprouve énormément de déception à l’égard de Gérard Collomb, car il a été un des tout premiers compagnons de l’aventure En marche ! »

De son côté, le successeur de Collomb à l’intérieur, le spécialiste de la perdition Christophe Castaner, déclare :

« Il a perdu les élections municipales au premier tour et je trouve que ce choix politique le perd dans le champ politique. Dans cette attitude il se perd lui-même ».


Feu sur Wauquiez!

Au delà de la personne de Gérard Collomb, à travers lui, c’est surtout contre Laurent Wauquiez que la majorité a effectué des tirs de barrages dans les médias comme sur twitter, où l’on peut lire:

Stéphane Sejourne (Député européen – Président de la délégation française MEP Renaissance)
« Des électeurs de droite nous ont rejoint il y a 2 ans justement parce que Laurent Wauquiez et Rachida Dati représentaient une droite rétrograde, à l’opposé de nos valeurs. S’il n’y a pas d’autres solutions d’ententes locales, alors je préfère perdre une élection !!! »

Aurore Bergé (Députée des Yvelines – Porte parole d’En marche)
« J’ai quitté les LR parce que je refusais de faire la campagne de François Fillon et que j’ai toujours cru au dépassement politique. Et nous sommes nombreux dans ce cas. Ça n’est certainement pas pour accepter aujourd’hui des alliances avec Wauquiez ou Dati »

Marjolaine Meynier – (Députée de l’Isère)
« La politique comme on la déteste: un accord sans âme pour «faire barrage aux écologistes» comme on ferait barrage au RN? Mobilisons nous plutôt sur 1 projet écologiqmt ++ et restons sur nos valeurs! Aucun marcheur ne pourra se retrouver là dedans »

Hugues Renson (Vice-Président de l’Assemblée Nationale – Député LREM de Paris)
« Projets d’alliances avec Rachida Dati dans le 5ème à Paris, et maintenant avec Laurent Wauquiez à Lyon ? Ce n’est plus du dépassement, c’est du sauve-qui-peut. Et dans une formation politique qui se veut moderne et progressiste, ce n’est pas acceptable. »

Enfin, du côté du gouvernement, pour Jean-Baptiste Djebbari le ministre des transports: « L’alliance de Gérard Collomb avec la droite est « contraire aux valeurs » de LaREM » (BFMTV)


Le virus écolo se propage chez LREM

Car chez LREM, ils divisent les gens de droite en 2 camps : d’un côté la droite Macron compatible (Valérie Pécresse, Geoffroy Didier), d’un autre côté la droite méchante, à tendance conservatrice : Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Eric Ciotti…

Si la région Rhône-Alpes est un laboratoire de l’extrême gauche écologiste avec Eric Piolle, Maire de Grenoble, qui désarme la police municipale et ruine la ville (2000 euros de frais de fonctionnement par habitant, une dette de 3012 euros par grenoblois, selon l’IFRAP) qu’il transforme en vélodrome urbain pour le grand plaisir d’une minorité. A contrario, Laurent Wauquiez avait renfloué les caisses de la Région dévalisé par la gauche obtenant le titre de la région la mieux gérée de France en 2019. (La Tribune). Les écolos lyonnais n’ont pas digéré les positions anti-immigration de Collomb et «les propos qu’il a tenus lors du vote de la loi asile-immigration»«inacceptables» car «en rupture avec la tradition humaniste de Lyon» (Libération, novembre 2018). Le fameux humanisme qui cimente toute la gauche…

Gérard Collomb, au delà d’un coup politique, sait qu’il joue sa carrière. Cet animal politique, comme l’appelle ses amis, souhaite terminer sa carrière en beauté.

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