islamophobie

Contre l’idéologie de gauche: peut-on critiquer l’islam?

Chaque semaine, nous vous proposons un tour d’horizon de la lutte contre l’idéologie de gauche. Cette semaine nous revenons sur le thème de la critique de l’Islam. Je remercie Elisabeth Lévy pour son excellent ouvrage La Gauche contre le Réel, (Fayard, 2012) qui sert de matrice à cette série.

L’Islam peut être critiqué sans que pointe dans cette critique la moindre animosité envers les musulmans en tant qu’individus. Dans notre société, il est établi par certaines belles âmes que cette ligne de partage n’existe tout simplement pas. Michel Onfray en a fait l’expérience en voyant son analyse des textes fondateurs des religions cloué au pilori de l’islamophobie. Et le terme « islamophobie » est devenu un mot-valise qui cristallise des tensions extrêmes dans la société française.


C’est sûrement que vous êtes islamophobe!

L’écrivain Pascal Bruckner a fait la généalogie de ce terme d’islamophobie :

« Forgé par les iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d’islamophobie, calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’Islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme? Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique et les fidèles de toutes origines qui y adhérent. » (L’invention de l’islamophobie, Libération, 23/11/2011)

Lors de l’incendie des locaux de Charlie Hebdo en novembre 2011, on a pu voir que les représentants du culte musulman français mâtiner leur condamnation de la stigmatisation [de l’ensemble] des musulmans. Pire encore, les Indigènes de la république, groupuscule créé en 2005 et dont les liens avec le Hamas sont clairs, se déclarait «Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo».

A l’inverse, dans un sondage réalisé par l’Ifop pour le documentaire Nous, musulmans d’Arte en janvier 2020 (La Croix), 81% des musulmans déclarent n’avoir «aucun problème à discuter avec des gens qui ne partagent pas les mêmes valeurs» et 62% des sondés qu’«on peut faire de l’humour sur tous les sujets, y compris la religion».

En parallèle, dans un sondage publié en 2018 pour le Journal du dimanche, une courte majorité considère que l’islam peut s’intégrer avec les valeurs de la société française. Dans le détail, 63% des sympathisants Les Républicains et 62% de ceux du Rassemblement National disent le contraire. Dans ce même sondage, les français se déclarent hostile à une taxe halal pour les lieux de culte musulmans.


S’adapter à la laïcité

Car si l’effort d’assimilation aux valeurs de la France a été effectué naguère par les Juifs organisés en délégations à travers les décrets Napoléoniens de 1808, il reste une abîme pour que les musulmans de France, qui n’ont pas de clergé (sauf dans le Chiisme), ne prennent le même chemin. En Occident, on encourage les individus à sortir du carcan et l’on place l’égalité entre hommes et femmes comme un principe quasiment universel. Pour ce qui est de l’islam, le seul législateur légitime est Dieu.

Pour l’écrivain et spécialiste du soufisme (vision ésotérique de l’Islam) Abdelwahad Meddeb (1946-2014):

« Ce n’est pas à nous de nous plier à l’islam, à ses tabous et à ses interdits, c’est à l’Islam de s’adapter à la liberté qui peut blesser, qui peut choquer. C’est dans l’épreuve de la liberté (comme avec Rushdi, Benoit XVI ou les capacitaires de Copenhague) que l’Islam se sécularisera. C’est en se heurtant à la République qu’il deviendra républicain. »


La chasse aux juifs et aux homosexuels

A la gauche de la gauche, on constate régulièrement une indulgence coupable voire une collaboration active avec des courants extrémistes de l’Islam. Et même, lorsque des enfants juifs depuis le début des années 2000, ont été chassés de l’école publique car leur seule présence froissait leurs petits camarades de confession musulmane, les héritiers politiques de Jules Ferry étaient étonnamment silencieux. Depuis février 2019, un «audit» des établissements scolaires publics touchés par le départ des enfants juifs vers des écoles libres sous contrat a été annoncé (La Croix).

Et que dire des attaques contre les homosexuels, illustrée chez nous par l’affaire Mila, du nom de cette jeune instagrameuse qui reçu, depuis le 18 janvier 2020, des menaces pour avoir critiqué la religion de Mahomet?

Dominique Nora signe un édito dans l’Obs pour déplorer le silence assourdissant de la gauche pour défendre les propos, même s’ils sont violents, de la jeune femme:

« Où sont les voix de gauche, les associations de lutte contre le racisme et les discriminations ? A de rares exceptions près, elles brillent hélas par leur absence. Pire : certains activistes LGBT ont même sommé Mila de retirer le drapeau arc-en-ciel de son profil Instagram ! Nous y voilà : dans l’espace public, la gauche essentialiste semble avoir muselé la gauche humaniste ». (l’Obs, 27/01/2020)


Les mots sont piégés

Un islam identitaire s’est développé en France au cours des dernières années avec des débouchées violentes qui ciblaient très majoritairement des non-musulmans, doublé d’un courant séparatiste qui infiltre les mondes associatifs et sportifs. Un rapport sénatorial très éclairant à ce sujet est paru le mois dernier.

Chez Libération, on affirmait encore récemment que l’islamisme était un fantasme agité par une droite réactionnaire et néo-fasciste. A l’appui de cette thèse, Libé cite Jean-François Clément, qui a popularisé le terme d’islamisme, qu’il juge aujourd’hui trop dangereux: 

«Je me suis posé beaucoup de questions, car dans « islamisme », il y a « islam »Et c’est là qu’est la difficulté. L’idéal eût été de choisir un mot sans aucune relation avec l’islam, mais on n’aurait pas été compris. D’ailleurs, les Américains ont été coincés dans leur vocabulaire et ils ont choisi d’utiliser « fundamentalism ».

On peut lire dans le journal que dirigeait alors Laurent Joffrin, que la religion ne favorise pas le repli sur soi, quand certains commerçants non halal sont chassés de nos villes. Or, depuis quelques années, la gauche a perdu son magistère moral dans la lutte pour la laïcité en omettant de poser, à quelques exceptions près, comme celui du maire de Sarcelles de 1997 à 2017, François Pupponi, auteur des Emirats de la République aux éditions du Cerf en 2020, un regard lucide sur ce séparatisme qui vient.

Le communautarisme municipal, qui s’exerce le plus spectaculairement à gauche (comme à Argenteuil) a trouvé son expression la plus substantielle avec Roland Ries, maire de Strasbourg entre 1997 et 2000 puis 2008 à 2020:

«Nous servons de la viande halal pour le respect de la diversité, mais pas de poisson le vendredi par respect pour la laïcité.» (Phrase jamais démentie par l’intéressé, Sud-Ouest)


Une question démographique

Est-ce ce le poids du nombre qui vaut de telles courbettes de nos élus devant des demandes de plus en plus insistantes et de plus en plus décomplexées, comme celui de créer des jours fériés musulmans en remplacement de jours « chrétiens », ou celle de séparer hommes et femmes dans la pratique du sport (voir notre article sur le voile dans le sport)?

Les musulmans en France, 2015.

Contre le déni du réel, les projections démographiques sont imparables. Pendant que l’Algérie était française (de 1848 à 1962), l’islam fut la deuxième religion de France. D’ici une ou deux générations, de nombreuses villes seront à majorité musulmane. Actuellement en France, en l’absence de statistiques ethniques, l’un des seuls repères significatif du nombre de personnes de confession musulmane vient des prénoms arabo-musulmans donnés aux enfants. Ainsi, selon une enquête de 2016 de l’Institut Montaigne sur un échantillon national de 15.459 personnes, 6% des interrogés se déclarent musulmans pratiquants. Mais ce chiffre ne « colle » pas avec les 18,8% de prénoms arabo-musulmans donnés cette même année (voir à ce sujet le lire L’Archipel français, de Jérôme Fourquet, Ed. Seuil, 2019, p. 140).
Enfin, en 2050, selon les projections de l’institut Pew Center, selon le niveau d’immigration, il y aurait entre 12 et 18% de musulmans en France rapporté à la population générale (20 minutes). Des chiffres largement à prendre avec circonspection…

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