kamala harris Tetiere

La « culture de l’annulation » aux portes du pouvoir intellectuel et politique aux États-Unis

Quand dans quelques années, des historiens se pencheront sur notre présent il seront incrédules: comment a-t-on pu laisser les minorités actives imposer leurs pensées (très peu complexes) à toute la société et particulièrement à la Presse et l’Université américaine?

Comment la « culture woke », du nom de ces séances grotesques d’exorcismes anti-privilège (blanc, mâle, hétérosexuel) et de la culture de l’indignation blessante visible dans le film Stay Woke: The Black Lives Matter Movement, de Jesse Williams, est-elle devenue le fléau de la liberté de pensée ?

Car le phénomène, même s’il est majoritairement anglo-saxon, en témoigne le commentaire de London Review of Books sur le mariage « métisse » du Prince Harry qui serait « woke », menace aussi la France. En France ont même trouvé un sénateur écologiste pour identifier la cancel culture à la « liberté d’enseignement » !


Un fond de complotisme?

Est-ce en lien avec le deuxième mandat de Barack Obama, ou s’est mis en place toute une technostructure à l’Université avec des diplômes en carton-pâte d’« études de genre » (du nom de la discipline fumeuse de Judith Butler) chargée de faire la police des moeurs et des comportements ? Car le monstre que Barack Obama et Joe Biden (qui était en charge du renforcement de la lutte discrimination sexuelle introduite par le Titre IX) ont contribué à créer leur échappe désormais totalement. A telle enseigne, d’ailleurs que la vice-présidente Kamala Harris a mis sur son profil Twitter She/her – une formule empruntée à la culture woke.

La définition du wokisme est fait magistralement par Jacob Siegel, qui en juin 2020, titrait sur « la nouvelle vérité »:

«Le wokisme refuse l’idée fondamentale du libéralisme selon laquelle deux valeurs incompatibles peuvent être autorisées à cohabiter. Pour les justiciers sociaux, cette tolérance des désaccords n’est qu’un instrument brandi par l’oppresseur pour soumettre l’opprimé!»

Jacob Siegel, réacteur en chef de Tablet

Leur bras armés sont les Social Justice Warriors (souvent abrégé SJW), qui sont les Zorro des temps modernes. Les réseaux sociaux ont-ils été le catalyseur d’idées de déconstruction déjà présentes aux Etats-Unis, avec leur effet d’entrainement et le fait que les journaux et les éditorialistes donnent le sentiment d’être à la remorque des réseaux sociaux à la poursuite du « cool »?

L’élu à la Chambre des représentants démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, 31 ans, défend la culture Woke sur Twitter: 

«Ceux qui se plaignent de la cancel culture pensent que tout leur est dû – comme si on avait le droit à un large public captif et que l’on deviendrait victime si les gens choisissaient de nous écarter. Il y a de fortes chances que vous ne soyez pas réellement annulé, que vous soyez simplement mis au défi, tenu pour responsable ou peu apprécié.»

Alexandria Ocasio-Cortez

On a récemment fait mention de l’affaire Bret Weinstein, du nom de ce professeur de biologie harcelé par ses étudiants pour avoir refusé une journée sans blanc à l’Université Evergreen de Washington.

Que dire encore du suicide de ce professeur d’université en Caroline du Nord qui avait eu le malheur de parler «de l’État esclavagiste de Caroline du Nord» dans un tweet censé critiquer la politique sanitaire de son tél démocrate et qui fut aussitôt accusé de racisme?


«On commence à voir des hommes noirs menacés de disqualification parce qu’ils sont hommes»

Est-il pensable qu’un directeur d’un journal prestigieux comme le Wall Street Journal, James Benett, soit contraint à la démission parce qu’il a osé publier la tribune d’un sénateur républicain appelant à lancer l’armée contre les émeutiers qui se sont déchaînés dans la foulée de la mort de George Floyd?

«S’est mise en place une sorte de forteresse théorique parfaite qui se défend en accusant toute personne qui exprime un désaccord d’être conservatrice»

L’avocat Greg Lukianoff, président fondateur de « liberté d’expression sur les campus » (Fire)

Comment accepter que le directeur d’une revue de littérature doive démissionner pour avoir publié une tribune d’un homme faussement accusé d’agression sexuelles, et qui soulignait la difficulté qu’il a à reconstruire son existence?


Un « cancer de la pensée » très difficile à contenir

Comment imaginer qu’il faille instaurer dans les universités américaines des « safe space » où la liberté d’expression (y compris conservatrice) serait garantie? Ou de ne pas mettre en cause l’idée que les notes des « minorités » – comme on les appellent – doivent être surélevées par les professeurs?

La théorie du genre a-t-elle à ce point été un instrument de domination pour qu’elle permette d’inonder de messages haineux à l’envers de l’écrivain star d’Harry Potter, J.K. Rowling, pour avoir simplement dit que la différence entre les sexes procédait d’une réalité biologique?

«Ça fait tellement de bien de savoir que chez vous les parents peuvent encore dire à leurs enfants qu’ils sont “un petit garçon ou une petite fille”. Chez nous, on dirait: comment osez-vous assigner un genre?»

Sam Abrams, professeur de science politique au collège ­Sarah Lawrence de New York

En réaction, en juillet 2020, 150 intellectuels ont signée une tribune pour dénoncer «une intolérance à l’égard d’opinions opposées, une vogue pour la dénonciation publique et l’ostracisme, et la tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveugle». En France une initiative similaire, le 24 août 2020, a réuni 20 saltimbanques. Mais cette réaction timide ne concerne que des gens dont la carrière est assurée. Sur toute la planète, la culture woke n’a pas fini de faire des victimes expiatoires.

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