Quand j’enlève mon uniforme, je n’ai plus sur le front marqué ‘policier’, je reste un maghrébin et je suis contrôlé au même titre qu’eux. »

Face à l’indignation mondiale sur les conditions de la mort de Georges Floyd à Minneapolis le 25 mai 2020, les manifestations, émeutes et déclarations s’enchaînent aux Etats-Unis et par delà les frontières. Les conditions de son décès, filmées par les passants, sont atroces: le policier blanc le menotte, le plaque au sol et assure une pression prolongée de son genou sur le cou de Floyd pendant 8 minutes et 46 secondes. Pourquoi cette violence gratuite? En France, on assiste depuis quelques jours à un amalgame avec l’affaire Adama Traoré et les questions de violences policières sur fond de racisme refont surface.


Un plaquage au sol mal exécuté peut se transformer en violence policière

Concernant la mort de Georges Floyd, le policier, Derek Chauvin, 44 ans, a été licencié, arrêté et inculpé pour homicide involontaire. Aujourd’hui, il risque la mort à perpétuité. Dans l’affaire d’Adama Traoré, le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), Christian Rodriguez, assure « tout son soutien et toute sa confiance«  aux gendarmes impliqués dans l’affaire et rappelle le « respect de la présomption d’innocence ». (France Info – 5 juin 2020). A ce jour, les expertises médicales souligne un état antérieur de maladies cardio-respiratoires: «trait drépanocytaire», qui fragilise les globules rouges, et d’une «sarcoïdose de stade 2», maladie inflammatoire qui touche généralement les poumons. Le point commun entre ces deux affaires, c’est le plaquage ventral qui là aussi, lui a été fatal. Cette technique fortement décriée, a été interdite dans certains pays, comme la Suisse ou la Belgique ou encore à Los Angeles et New York.

Rappelez-vous, Cédric Chouviat, le livreur à scooter, interpellé le vendredi 3 janvier 2020 sur le quai Branly à Paris. Ce livreur, au téléphone, sans point sur son permis, agressif et violent vis à vis des forces de l’ordre, là encore, c’est le plaquage ventral qui lui a été infligé.
Résultat : la police l’emmène à l’Hôpital Européen Georges Pompidou quand il est trop tard… il décédera deux jours plus tard. L’avis médical fait état d’un décès par hypoxie causé par «un arrêt cardiaque consécutif à une privation d’oxygène». Un état antérieur cardiovasculaire a été révélé. L’autopsie indique que l’origine du malaise cardiaque est une asphyxie avec «fracture du larynx», à la suite d’un étranglement.
Cette affaire, si nous n’en entendons pas parler ces jours-ci, simplement parce que c’est un homme blanc. Or si un homme est un homme quelque soit sa couleur de peau, les violences policières vis à vis des hommes de peau blanche doivent elles aussi être décriées!


La famille Traoré utilise l’affaire Floyd pour défendre sa cause, mais elle fait un raccourci rapide entre la couleur de peau et les violences policières!


Le racisme existe dans la Société et dans la police aussi!

La preuve en est, encore tout récemment, le 5 juin 2020: 8.000 policiers qui échangent des propos racistes sur un compte facebook privé, ont été signalés à la hiérarchie policière. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a fait ouvrir une enquête par le parquet de Paris pour injure publique à caractère raciste et «provocation publique à la haine raciale». L’enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) (Le Monde).
C’est 3% des effectifs de la police, précise David Bars, le secrétaire général du SCPN, syndicat des commissaires de la police nationale. 3%, c’est peut-être seulement la partie émergée de l’iceberg. En prononçant le chiffre de 3%, on relativise le nombre de racistes dans la police. En fait, la question n’est pas sur la question du chiffre, la police doit être exemplaire et égalitaire un point c’est tout.
Or, lorsque Camélia Jordana invite à « prendre les armes ou faire la révolution », lors des manifestations Traoré ou encore lorsque dans l’émission de Ruquier, elle s’offusque :

« Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic. Et j’en fais partie. Aujourd’hui j’ai les cheveux défrisés. Quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. »

Camélia Jordanan – On n’est pas couché – 24 mai 2020

Pourquoi Monsieur Castaner ne répond-il qu’à demi-mots à ces déclarations irresponsables? Pourquoi ne reçoit-elle aucune amende? Est-ce parce que c’est une starlette? Pourquoi ce deux poids, deux mesures?


La querelle des chiffres

Interviewé ce midi sur BFM TV, Jean-Luc Mélenchon revient sur ses propres chiffres (sachant que les statistiques ethniques sont interdites en France) pour appuyer sa démonstration:

« 80% des personnes qui ont la peau blanche n’ont jamais été contrôlés et 85% de ceux de couleur de peau noire ou d’origine ethnique prétendue de l’extérieur ont été contrôlés« .

Jean-Luc Mélenchon – 6 juin 2020 – BFM TV

A propos de ces chiffres, dont on ne peut prouver la véracité, un jeune policier, interviewé sur France Info, livre son sentiment ce matin :

« Quand j’enlève mon uniforme, je n’ai plus sur le front marqué ‘policier’, je reste un maghrébin et je suis contrôlé au même titre qu’eux. »
Et sur le terrain, les maghrébins, les Noirs, sont appelés bâtards par mes collègues.

De même, sur BFMTV ce matin, une jeune policière d’origine maghrébine témoigne des propos racistes dont elle a été victime au sein même de son commissariat. Lorsqu’elle en parlé à sa hiérarchie, elle a reçue un silence radio en retour, la forçant à effectuer un signalement à l’IGPN en mars dernier. Elle a d’ailleurs enregistré les propos de ses collègues : « Quand je dis « bougnoule », c’est vraiment péjoratif c’est « arabe bâtard ». Dans le dictionnaire « bougnoule » et « bicot », c’est familier pour dire que c’est un arabe, c’est comme « youpin » pour les juifs »

Mais quand les actes suivent les paroles :

« Je passais par là et je le vois donner des claques à ce jeune. Je lui pose la question, je lui dis « Pourquoi tu as tapé le petit » Et là il me répond : « Oh c’est un petit Rom, c’est des sous-merdes, des sous êtres humains » « On s’en fout, je lui met une bonne raclée, ça va lui faire comprendre les choses » « Ses parents l’ont pas assez frappé ».


Dans un rapport rendu, il y a quelques jours, le défenseur des droits Jacques Toubon estime qu’il existe

« Un harcèlement discriminatoire » pratiqué par la police envers certaines communautés.

Au-delà des instrumentalisations de certains groupuscules racisés, comme la Ligue de défense noire africaine, qui affirme dans une manifestation clandestine, cette après-midi, que « la France est un Etat terroriste, colonialiste et esclavagiste », on voit qu’il reste du chemin à faire pour que nos policiers soient inattaquable au sens propre comme au figuré.

2 commentaires

  1. Le policier américain… « il risque la mort à perpétuité »… c’est une nouvelle peine.. y aurait aussi une période de sécurité.. compressible?

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  2. Question à 5 €… Pourquoi le racisme s’affiche-t-il essentiellement à l’encontre des africains.. nord ou sud et bcp moins envers les asiatiques?

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