Erdogan transforme l’ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée

Le Conseil d’Etat, le plus haut tribunal administratif d’Istanbul vient de donner son feu vert à la reconversion de l’ancienne basilique byzantine Sainte-Sophie en mosquée. Cette mesure, qui était souhaitée par le président turc Recep Tayyip Erdogan depuis son arrivée au pouvoir en 2003, a fait bondir non seulement l’UNESCO, mais aussi de nombreux chefs d’états et de gouvernement russes et occidentaux.


Réactions internationales

Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé que :

« L’intégrité de ce joyau religieux, architectural et historique, symbole de la liberté de religion, de tolérance et de diversité, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, doit être préservé ». (BFMTV, 11/07/2020)

Pour le porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe Vladimir Legoïda, faisant référence à l’émotion suscitée par la perspective que l’Orient ne se déchristianise un peu plus, «Nous constatons que l’inquiétude des millions de Chrétiens n’a pas été entendue». Quand au Kremlin, il déclarait que Sainte-Sophie avait «une valeur sacrée» pour les Russes. (Le Figaro, 10/07/2020)

De son côté, la directrice de l’Unesco Audrey Azoulay déplorait « vivement » cette décision unilatérale, « prise sans dialogue préalable ». Le sous-directeur de la culture de l’UNESCO, Ernesto Ottone Ramirez met en garde: « Il est important d’éviter toute mesure de mise en oeuvre qui ne serait pas préalablement discutée avec l’Unesco et qui entraînerait des conséquences sur l’accès physique, sur la structure du bâti, sur les biens mobiliers et sur le mode de gestion du site » (…) « De telles mesures pourraient en effet constituer des violations des règles issues de la Convention du Patrimoine mondial de 1972 ». (LaLibre.be, 10/07/2020)


L’obsession ottomane d’Erdogan

Depuis 1934, le gouvernement de la République turque avait attribué à Sainte-Sophie, basilique de Constantinople, devenu un haut lieu du tourisme en Turquie, le statut de musée. La basilique compte d’innombrables mosaïques représentant le Christ et des figures saintes. Elle comptait l’année dernière 3,8 millions de visiteurs, en faisant le deuxième musée du pays.

Le « néo-sultan » Erdogan, nostalgique de la gloire ottomane, comme il se présente lui même, avait qualifié la transformation de la mosquée depuis 1453 en musée de « grave erreur ». La décision a été saluée au cris de « Allahu Akbar » au Parlement Turc.

« Sainte-Sophie est probablement le symbole le plus visible du passé ottoman de la Turquie et Erdogan s’instrumentalise pour galvaniser sa base et toiser ses rivaux à la maison comme à l’étranger ». (Anthony Skinner, du cabinet de consultants Verisk Maplecroft).

Jusqu’à présent, les activités cultuelles s’étaient limitées à séances de lecture du Coran ou des prières collectives sur le parvis de la basilique. Dès le vendredi 24 juillet, la prière musulmane sera autorisée dans ce lieu, où le tourisme continuera à être encouragé.

Un commentaire

  1. Le tourisme reste  » encouragé !  » évidemment car le tourisme apporte des devises pour la Turquie !
    Je me refuse d’aller faire du tourisme en Turquie pour donner mon argent à ce dictateur islamiste ! Les occidentaux feraient bien d’éviter ce pays !

    J’aime

Laisser un commentaire