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Les juifs français face à l’antisémitisme musulman

Les chiffres sont éloquents. Pour l’historien français né au Maroc Georges Bensoussan, 80% des Juifs ont quitté la Seine-Saint-Denis depuis dix ans. Les musulmans pratiquants, sont, d’après plusieurs témoignages, majoritaires dans ce département. Un site recense 100 mosquées et salles de prières pour ce département, et Wikipédia recense 39 lieux de culte construits ou en construction.


Ne pas se faire insulter, ni frapper

Chacun a en souvenir la polémique qui a suivi les propos* de février 2019 d’Eric Ciotti qui se demandait s’il restait des enfants juifs dans les écoles publics de Seine-Saint-Denis, ne faisant que relayer le sentiment du Grand rabbin de France Haïm Korsia, tenus sur Europe 1 le 16 février 2015. L’énergie mise à démentir ces propos masquait un malaise qui ne résiste pas à l’analyse des faits et notamment aux inscriptions dans les écoles privées. Et les juifs français qui restent dans ce territoire rasent les murs, si l’on en croit Moché Lewin, rabbin du Raincy:

« Ca a commencé vraiment dans les années 2000 avec la deuxième intifada. Avant, les enfants qui allaient dans le privé étaient des enfants de familles pratiquantes. Aujourd’hui, les parents les mettent dans le privé pour qu’ils ne se fassent pas insulter ou frapper« 

Moché Lewin, interrogé par l’AFP, en février 2019

Les juifs partent « un à un »…

Dans son livre-enquête, La Communauté, en janvier 2018, les journalistes du Monde Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué ont dénoncé le sort fait au juifs à Trappes (Yvelines) où le fanatisme islamiste était d’ores et déjà tout puissant.
Dans un de ces paragraphes, elles relatent comment l’incendie de la synagogue de Trappes le 10 octobre 2000, a précédé la pression exercée sur les juifs par les islamistes pour qu’ils soient contraints, par la force de la peur de quitter leur ville de résidence.

« Une à une, les autres familles juives de Trappes quittent […] la ville pour s’installer dans des communes plus accueillantes. […] Le boucher est parti, monsieur Ben Yedder, le boulanger, aussi. A Trappes, désormais, il ne reste plus aucun Juif ou presque. »

Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué, dans La Communauté (Albin Michel)

Ces victimes d’une forme française d’apartheid sont amenés à s’installer dans une ville voisine (comme le 17ème arrondissement de Paris) ou de faire leur Alya, c’est-à-dire immigrer en Israël, parmi 60.000 juifs ces vingt dernières années (soit 10% des juifs français) qui ont fait ce choix, souvent pour leur sécurité.


« Comme l’air que l’on respire »

Les premiers slogans « Mort aux juifs » du XXIème siècle, ont été recensés lors de manifestations contre la Loi sur les signes religieux à l’école, entre 2003 et 2004. La moitié des actes « racistes » au sens large se focalise sur la seule communauté hébraïque. 16 juifs ont été assassinés par des musulmans entre 2003 et 2018. Le professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, Smaïn Laacher, donne une explication à cet antisémitisme qui fait froid dans le dos:

« Cet antisémitisme, il est déjà proposé dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue, une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de juifs. Bon, mais ça… toutes les familles arabes le savent, c’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme, il est d’abord domestique. Il est comme dans l’air qu’on respire. »

Smaïn Laacher, cité dans Le club Valeurs Actuelles, 27/02/2019

L’auteur algérien Boualem Sansal* a le mot de la fin :

«L’antisémitisme, qui, jusque-là se tenait un peu dans le vague, se donne, chez des jeunes en rupture avec la culture et l’identité françaises, de plus en plus d’images précises sur lesquelles prospère tout un discours d’exécration : le Crif, la Licra, des personnalités juives ou supposées telles, et même des synagogues. Il se donne aussi des héros connus pour leur position antisioniste, anti-­Israël, et supposés viscéralement antisémites – Dieudonné, Soral, Houria Bouteldja…»

Boualem Sansal, Le JDD, janvier 2016

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