Les rodéos urbains: pourquoi la police détourne les yeux

Pour Yves Lefebvre, secrétaire général de SGP Police, les policiers sont démunis devant les rodéos à deux (ou quatre dans cas de véhicule de type quad) roues dans nos banlieues. On parle alors de rodéos sauvages (un pléonasme apprécié des journalistes) ou de rodéos urbains. Apparu il y a 15 ans, ce défouloir privilégie notamment les motocross surpuissantes ou les mini-motos. Cela fait maintenant plusieurs années que les forces de l’ordre se plaignent de ne pouvoir intervenir du fait d’ordre de leur hiérarchie pour ne pas mettre le feu aux banlieues (voir vidéo ci-dessous).


Une loi renforcée en 2017

A y regarder de près, les outils sont là: depuis juillet 2017, les rodéos à moto sont des délits à part entière qui exposent à une peine maximale de cinq ans de prison et jusqu’à 75 000 euros d’amende (en cas de prise de stupéfiant et de réunion) selon cette définition pénale:

«Adopter, au moyen d’un véhicule terrestre à moteur, une conduite répétant de façon intentionnelle des manœuvres constituant des violations d’obligations particulières de sécurité ou de prudence prévues par les dispositions législatives et réglementaires du présent code dans des conditions qui compromettent la sécurité des usagers de la route ou qui troublent la tranquillité publique. » (Article L356-1)

Par la Justice a possibilité d’appliquer des mesures complémentaires: peine de travail d’intérêt général, peine de jours-amendes, interdiction de conduire jusqu’à 5 ans ou obligation de suivre un stage de sensibilisation. Enfin pour ceux qui promeuvent ces irrégularités sur les réseaux sociaux, 30 000 euros ainsi qu’à une peine de 2 ans de prison.

Mais depuis presque deux ans que cette loi a été promulguée, les auteurs de ces faits, quand ils sont identifiés a posteriori par vidéo-surveillance, ne sont pas punis avec la sévérité que tous les citoyens, violentés par les nuisances sonores et les dangers que causent ce type de comportement inacceptable, sont en droit d’attendre de la Justice.


Rendre la vie insupportable

Pendant le confinement, ce phénomène prend encore de l’ampleur. A Argenteuil, un témoignage de riverain témoigne de l’enfer vécu par la majorité silencieuse:

« C’est tous les jours et cela fait des années que cela dure. C’est encore plus pénible en cette période de confinement. On ne peut mêle plus ouvrir les fenêtres. » (Le Parisien, 21/04/2020)

Selon le magazine Auto-Plus, voici le classement des départements où la gendarmerie a recensé le plus de cas de rodéos urbains:

Le Nord en première position avec 873 faits, puis le Rhône (636), la Haute-Garonne(621), la Seine-Maritime (619) et l’Isère (610), les Yvelines (490), la Gironde (465) et la Loire-Atlantique (479).

L’actualité met souvent à l’honneur les jeunes victimes de leurs propres errements (surtout quand ces même jeunes prennent la police en accusé), mais une information est passée sous les radars : celle d’un jeune à motocross qui a percuté mercredi 20 mai vers 22 heures deux petites filles, âgées de 10 et 11 ans, dans le quartier du Neuhof, à Strasbourg (Sputnik).

Ci-dessous le témoignage de deux policiers à trois ans d’intervalle, l’un en 2017, l’autre en 2020:

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