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Avec la fin de la revue « Le Débat », Pierre Nora pointe la baisse du niveau culturel en France

L’historien et membre de l’Académie Française Pierre Nora l’a annoncé dans son dernier éditorial de la revue Le Débat: ce quarantième anniversaire de cette entreprise intellectuelle fondée avec Marcel Gauchet signerait aussi la fin de cette revue. C’est, un après l’arrêt des Temps Modernes décidée par Antoine Gallimard après la mort de Claude Lanzmann (qui souhaitait pourtant qu’elle lui survive), la deuxième revue intellectuelle d’importance qui ferme ses portes en un an de temps.

La justification principale n’est pas financière, car la revue se vend tous les deux mois entre 3000 et 4000 exemplaires et la « collection » Le débat contournera d’exister.
Pierre Nora met en cause la « baisse du niveau culturel » en France dans le milieu universitaire, ce qu’il explique au site du Point.

La disparation voulue de la formule classique de notre type de revue est un geste, un signal d’alarme qu’on envoie, aux autres de l’interpréter.

Pierre Nora dans le Point, 29/08/2020

La lecture d’une revue d« analyses de fond à la portée d’un public aussi large que possible » dans sa totalité semble hors de portée pour toute une nouvelle génération de lecteurs, dont les usages ont aussi considérablement évolués depuis le lancement de la Revue en 1980:

« La majorité des lecteurs a tendance à consulter Le Débat pour un seul article ou un groupe de contributions autour d’un seul thème. Cet usage n’est sans doute pas nouveau. (…) Une revue est un menu médité, un organisme vivant; la consultation en ligne sort un article de son contexte pour en faire une réalité hors sol ».

Pierre Nora dans Le débat (Gallimard)

Le Débat ne souffre-t-il pas de vouloir s’inscrire au dessus de la mêlée, à l’heure où s’est la gauche radicale qui impose ses thèmes à la société toute entière: indifférenciation sexuelle, racialisme, décolonialisme, décroissance, pour n’en citer que quelques-uns? C’est ce que semble accréditer Pierre Nora:

«Il y a un gauchissement de l’idéologie radicale qui complique le débat. Nous pensions être de gauche, nous sommes considérés comme une droite qui ne dit pas son nom. La radicalité est devenue un trait majeur. Les sensibilités des communautés et des minorités imposent leurs revendications

Pierre Nora, dans le Point (op. cit)

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