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Didier Leschi: « L’immigration, ce grand dérangement »

Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), et haut fonctionnaire français spécialisé dans la politique de la Ville et l’égalité des chances, notamment auprès du Préfet de Seine-Saint-Denis entre 2013 et 2016, vient de publier un Tract sur la question migratoire : « Ce grand dérangement. L’immigration en face » (Gallimard). nous vous en livrons une petite synthèse.


Il n’y a jamais eu autant d’immigrés en France

Selon les derniers chiffres de l’INSEE*, en 2019, 6,7 millions d’ immigrés vivent en France, soit 9,9% de la population totale. 2,5 millions d’immigrés, soit 37% d’entre eux, ont acquis la nationalité française.
La population étrangère vivant en France s’élève à 4,9 millions de personnes, soit 7,4% de la population totale. Elle se compose de 4,2 millions d’immigrés n’ayant pas acquis la nationalité française et de 0,7 million de personnes nées en France de nationalité étrangère.


Immigration de coexistence: changement de paradigme

Aujourd’hui en France la majorité de l’immigration n’est plus une immigration de travail. La première des migrations est liée au regroupement familial, qui est soumise à des conditions de revenus et de logement et concerne majoritairement des femmes sans qualification et sans maîtrise de notre langue. Sauf pour les conjoints de français et les personnes reconnues comme réfugié.

Ces mouvements de population sont majoritairement issus du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc) et de l’Afrique subsaharienne francophone. Certains secteurs très précis concentrent encore une immigration économique, notamment l’informatique et la médecine. S’y rajoute le secteur agricole des saisonniers. Les besoins dans notre marché de travail existent, mais ce sont de véritables niches.
La question même du droit d’asile est en jeu aujourd’hui avec un détournement de plus en plus manifeste avec une mosaïque de pays tout autour du bassin méditerranéen. Les trois pays d’où viennent le plus de demandeurs d’asile sont l’Albanie, la Géorgie, l’Afghanistan, mais aussi la Côte d’Ivoire, la Guinée ou, plus étonnant, les pays du Maghreb, qui sont pourtant des régimes non liberticides.


Une appétence pour la France

Si les migrants tentent leur chance en Europe en général et en France en particulier (la France et l’Allemagne sont en tête des demandes d’asile), c’est que leur pays d’origine ne fait pas assez de perspectives à leur jeunesse. Quant au choix du pays d’accueil, il se calque sur une affinité avec des communautés déjà constituées dans les pays cibles.

Les personnes qui stationnent à Calais dans l’espoir de passer au Royaume-Uni le font parce qu’il maîtrise un « globish », version brouillonne de l’anglais censée leur permettre de travailler rapidement de manière clandestine dans un pays où le marché du travail est plus dérégulé que dans notre pays. La spécificité de la France est qu’elle est souvent le pays de la dernière chance quand toutes les demandes d’asile ont été rejetées dans les autres pays.

Aujourd’hui la France est la plus laxiste pour ce qui concerne la délivrance de titres de séjour et de visas, avec un examen du niveau de langue dérisoire (notre article).


La « machine à intégrer » est grippée

Pour les immigrés déjà installés en France, la raréfaction du travail de faible qualification et l’augmentation du prix du logement les a poussés vers davantage de précarité. Ainsi, les marchands de sommeil sont en pleine expansion dans certaines communes, comme en Seine-Saint-Denis. Du côté de la formation, beaucoup de jeunes issus de l’immigration sortent prématurément du système scolaire.

Un écart toujours plus grand entre pays islamisés et l’Europe libérale: la progression de la condition féminine et la reconnaissance de l’homosexualité sont les marqueurs sociétaux les plus forts de notre Occident, où la religion n’a plus une place centrale. Il en résulte une friction avec des pays où le blasphème et l’homophobie sont institus.


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